Ce texte est tiré du chapitre « La dimension cosmique » de l’opuscule de Jean Nakos « Plaidoyer pour une Théologie de l’Animal », Editions artisanales Cécile de Ramaix, Lyon 2001. Copyright : Jean Nakos 2001
Parmi les chrétiens dont le cœur et l’esprit étaient ouverts à tous l’univers et ne se contentèrent pas de se centrer uniquement sur l’humanité, les plus vénérés sont saint François d’Assise pour la chrétienté occidentale et saint Séraphin de Sarov, le Russe, pour la chrétienté orientale.Si on a dit de saint François qu’il fut transpercé, de saint Séraphin on a dit qu’il fut transfiguré. Au cours d’un entretien qu’il eut avec son disciple Motovilov celui-ci lui a fait remarquer : "Des foudres jaillissent de vos yeux, votre visage est devenu plus lumineux que le soleil. (Irmina Gormino, "Séraphin de Saron", Desclée de Brouwer, Abbaye de Bellefontaine, 1979)
Saint Séraphin était nourri de l"authentique tradition chrétienne orientale. Et que dit cette tradition ? Elle dit que "La pureté, c’est la miséricorde du cœur. C’est la la flamme qui embrase à l’égard de toute la Création, des hommes, des oiseaux, des quadrupèdes, des démons, de tout être créé. Quand il songe à eux, ou quand il les regarde, l’homme sent ses yeux s’emplir de larmes d’une profonde, d’une immense pitié qui lui étreint le cœur et le rend incapable de tolérer, d’entendre, de voir le moindre tort ou la moindre affliction endurés par une créature." (Saint Isaac le Syrien, "Sentences", sentence 55, Traduction Hotman de Velliers)
Saint François apprit aux villageois de Gubbio à nourrir un loup. Saint Séraphin enseigna à une moniale à nourrir un ours. Voici comment Olivier Clément raconte ce délicieux épisode :
« Un jour, une moniale venue voir dans son ermitage le Père Séraphin, ll le découvre assis sur un tronc d’arbre, un ours devant lui. Elle pousse un grand cri de peur et Séraphin demande à l’ours de s’éloigner. Et comme la moniale avait dit "je meurs", Séraphin lui répond : "Non ma mère, c’est n’est pas la mort mais la joie." Il la fait asseoir à côté de lui, rappelle l’ours et lui donne à manger du pain dans sa main. "Le visage du Père me sembla merveilleux" a noté cette moniale. "Il était lumineux comme celui d’un ange et joyeux. Lorsque je fus complètement calmée, le Père me tendit le dernier morceau et me demanda de le donner moi-même à l’ours. Mais je répondis : "j’ai peur mon Père, il va me dévore aussi la main." "Non ma mère, crois bien qu’il ne te mangera pas la main." Alors j’ai pris le pain et je l’ai donné" à manger à l’ours avec tant de joie que j’aurais voulu lui en donner encore, car la bête était douce avec moi, pécheresse, grâce aux prières du Père Séraphin. Celui-ci me voyant rassurée me dit : Tu vois, ma mère, un lion fut le serviteur de saint Gérassime et un ours est l’ami de l’humble Séraphin." » (Olivier Clément, Actes du Colloque Droits de l’animal et pensée chrétienne, 1986, Fondation Ligue française des droits de l’animal www.fondation-droits-animal.org )