XIV. 2 : Dans les évangiles apocryphes
« Das Christentum übernahm einige der negativen Ansichten des Judaismus über den Hund ; allerdings werden sie durch viele positive Erzählungen über den Hund in volkstümlichen Versionen der religiösen Überlieferung stark gemildert. Da etwa in der Weihnachtsgeschichte Hirten erwähnt werden und Hirten Hunde brauchen, findet man in Krippenszenen oft Hunde, die nichts von Unreinheit erkennen lassen » [1].
Autant le chien se fait rare dans les textes du Nouveau Testament, autant il trouve pleinement sa place dans les évangiles apocryphes. Mais le chien n’est qu’un des nombreux représentants du monde animal dans les évangiles apocryphes. L’adjectif grec , traduisible par caché, secret, rappelle qu’il s’agit de livres qui n’ont pas été admis par l’Eglise dans le canon de ses Ecritures. L’inscription définitive des livres dans le Canon étant tardive et ne datant que du XVI°s., suite aux décisions du Concile de Trente, les Pères de l’Eglise font assez souvent référence aux apocryphes. Ces livres, s’ils n’étaient pas utilisés dans la liturgie, n’étaient pas automatiquement considérés comme faux voire hérétiques, on pouvait donc les utiliser [2].
Rappelons encore que de nombreux livres, tels l’Epître aux Hébreux, l’Epître de Jacques et même le livre de l’Apocalypse furent longtemps contestés et furent finalement introduits dans le Canon après avoir compté eux-mêmes parmi les évangiles apocryphes [3]. Si nous avons choisi de nous arrêter un instant sur ces évangiles, c’est non seulement parce que le chien s’y trouve plus souvent mentionné, mais également parce que l’attitude toute entière de Jésus en relation avec l’animal change.
« Gli apocrifi, con un loro genere letterario sovente leggendario e fantastico, hanno spesso per protagonisti gli animali, in particolare la columba, il cane, il serpente, il leone » [4].
Tout chrétien se souvient depuis son enfance de la présence, le jour de Noël, de l’âne et du bœuf auprès de la crèche de Jésus [5].
La base de ce texte se trouve dans les évangiles apocryphes, plus précisément dans l’Evangile du Pseudo-Matthieu [6]. D’autre part, tout musulman connaîtra par cœur le récit de l’enfant Jésus qui donne vie à un oiseau en lui insufflant l’esprit. La base de ce texte, rapporté dans le Coran à la sourate V, 109 se trouve dans deux apocryphes différents, intitulés Histoire de l’enfance de Jésus et Vie de Jésus en arabe. Dans ces deux livres, un des épisodes qui y est relaté rapporte en effet que Jésus, âgé de cinq ans -pour l’Histoire de l’enfance de Jésus (Hist enf Jésus II, 1-4) au contraire de la Vie de Jésus en arabe (Vie Jésus ar XXIV, 1-3) qui situe l’événement alors que Jésus avait sept ans-, donna la vie à douze oiseaux qu’il avait façonné à partir de l’argile molle.
Le bœuf, l’âne, les moutons et bien sûr le chien (à droite de la Vierge Marie) sont présents pour adorer Jésus.
Ces deux récits résultent par conséquent des apocryphes et de la lecture qu’en a fait la Tradition. Les Pères de l’Eglise, tels
saint Irénée et saint Justin, puisent abondamment dans les récits apocryphes. Un des textes apocryphes qui eut le plus de succès populaire au Moyen Âge fut justement celui de l’Histoire de l’enfance de Jésus, apocryphe attribué faussement à l’apôtre Thomas. Cet évangile retrace comme le titre l’indique, les actes et les prodiges de Jésus enfant, comme nous venons de le lire auparavant.
Certains textes renforcent le côté négatif du chien. Ainsi dans les Actes d’André et les récits de la Vie d’André, récit attribué à Grégoire de Tours, le chien incarne le démon. L’apôtre André ayant ordonné à des démons de se présenter au peuple afin qu’il croit, ceux-ci se présentent sous l’apparence de chiens [7]. Suscitant des ennemis de par sa prédication missionnaire, André est condamné à être mis sur une croix. Mais les soldats, sur ordre d’Egéate, veillent à ne lui clouer ni les pieds, ni les mains et à ne lui briser aucune articulation de sorte qu’il souffre le supplice, qu’il soit tourmenté et, rajoute le texte, « qu’il soit dévoré vivant, la nuit, par les chiens » [8] . On est très proche dans ce passage des textes de l’Ancien Testament qui voyait comme un des pires châtiments pour un homme celui de mourir sans sépultures et de voir son corps mangé par les chiens.
Dans le Livre de la révélation d’Elkasaï, apocryphe connu et souvent repris par les premiers mouvements chrétiens [9], on se méfie du chien, celui-ci étant dangereux et souvent enragé, preuve qu’il est « possédé par un esprit de destruction » [10]. Cette hypothèse est reprise et appliquée aux personnes hargneuses pour lesquelles le seul remède efficace est le baptême. Selon E. Peterson [11] le chien possède dans ces textes une forte connotation symbolique : Il symbolise la concupiscence, contre la rage de laquelle le rite baptismal est conseillé. Si des personnes ressemblent à ces chiens, il faut les baptiser afin qu’elles reçoivent un nouvel esprit !
D’autres textes, comme ceux exceptionnels de par le rôle qu’ils confient au chien, sont les Actes de l’apôtre Pierre et de Simon. Ils y renforcent le côté positif du chien. Dans un de ces récits Pierre se sert d’un grand chien comme messager. Mais afin que le chien soit un messager convainquant, Pierre exerce un miracle sur le chien et lui donne la faculté de parler. Marcellus, un des deux hommes qui comme Simon restent à convaincre, à la vue de ce grand chien qui parle avec « une voix humaine » [12], ne tarde pas à se convertir. Il n’en est pas de même pour Simon qui reste un ennemi de Pierre et qui continue à être hostile à tous ceux qui vivent et croient dans le Christ. Le chien percevant que Simon ne changera pas et refusera toujours d’être confronté avec Pierre, va le trouver. Il lui dit : « Tu seras donc maudit, ennemi et corrupteur de la voix de la vérité du Christ ». Aussitôt dit, le chien ayant terminé sa mission, se retire et meurt aux pieds de Pierre sans pour autant lui avoir prédit au préalable : « Tu auras un grand combat avec Simon (…), mais tu convertiras à la foi un grand nombre de ceux qu’il avait séduits. Pour cela tu recevras de Dieu la récompense de ton labeur » [13]. Une grande partie de la foule, spectatrice des dernières paroles du chien, se prosterne aux pieds de Pierre, tandis qu’un autre partie lui réclame déjà un autre prodige.
Une autre image classique et très proche du rôle de psychopompe du chien est celle qui apparaît dans la Vision d’Esdras. Esdras, emmené par des anges, a le privilège de visiter les Enfers. A l’exemple du monde infernal hellénistique, des chiens noirs, sortes de cerbères, y gardent l’entrée d’où jaillissent de gigantesques flammes de feu. « De leur gueule, de leurs oreilles et de leurs yeux jaillissait aussi une flamme très puissante » [14]. Ces chiens sont situés à l’extérieur des portes avec des dragons et des lions. Les saints passent devant eux sans problème, par contre les pécheurs sont punis pour leur faute en étant mordus par eux. Ces chiens exercent donc une première punition à l’égard des pécheurs !
« Jetzt aber feierten sie die Lebendigkeit des Lazarus. Es gab viel zu essen, ein richtiges Festessen, und Martha warf mir einen guten Knochen zu. Aber mein Herr (=Jesus) hob ihn vom Boden auf und sagte : "Martha, du sollst keinem Bettler und keinem Tier das Essen zuwerfen. Mensch und Tier sind heilig, weisst Du das immer noch nicht ?" Martha wollte etwas sagen, aber mein Herr schaute sie schweigend an und hob den Knochen vom Boden auf. Jemand sagte : "Pass auf, dass der Hund dich nicht beisst. Hunde lassen sich doch keinen Knochen wegnehmen". Aber mein Herr lächelte nur, und natürlich knurrte ich nicht einmal (…)"Seht", sagte der Rabbi, "wenn ihr Ehrfurcht habt vor jeder Kreatur und jedem Ding, dann ist Frieden ( …) Was ihr einem anderen Geschöpf mit Gewalt wegnehmen wollt, wird Zorn erregen, und das Geschöpf wird mit Zähnen und Klauen das verteidigen, was ihm sein Eigentum scheint » [15].