Une communauté de destin par Olivier Jelen & Estela Torres

, par Pierre

La fête de saint François d’Assise, protecteur des animaux, approche. En attendant le 4 octobre, quelques messes, cérémonies œcuméniques ou bénédictions destinées à l’animal trouvent leur place dans l’agenda de paroisses. Très engagé dans cette cause, l’abbé Olivier Jelen souligne que la supériorité de l’homme sur l’animal est un postulat culturel profondément ancré, bousculé par les connaissances scientifiques actuelles et les avancées de l’éthique, au point de remettre en cause le droit de manger des animaux (voir notre dossier Le malaise des carnivores). Le pape lui-même dénonce une vision anthropocentrique de la création et appelle à une conversion des consciences.

Un article publié in choisir n° 681, octobre 2016.

Estela Torres

Le destin de l’homme est étroitement uni à celui de l’animal. L’un ne va pas sans l’autre. L’un a besoin de l’autre. L’homme ne sera parfaitement homme qu’en partenariat avec l’animal. La Genèse ne le suggère-t-elle pas de manière dévoilée ? « L’Éternel Dieu forma de la terre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les fit venir vers l’homme » (Gn 2,18).

Dans Moby Dick, le livre culte d’Herman Melville, le destin du capitaine Achab est totalement lié à celui du cachalot blanc. Surnommé l’écume des mers, ce dernier connaîtra le même destin tragique que le célèbre capitaine, qui entraînera avec lui dans sa perte son équipage. Une envie similaire de destruction habite l’homme et l’animal. En cherchant à tout prix à tuer la baleine, en ne nourrissant que haine à son égard, Achab scie la branche sur laquelle il est assis. Et, détail révélateur, c’est un cercueil qui va devenir la bouée de sauvetage du seul et unique survivant du désastre, le narrateur de l’histoire.

L’homme qui ne prend pas soin de la nature qui l’environne, en particulier des animaux, va à sa propre perte. Certains rapports de la Cop 21 [1] ainsi que l’encyclique Laudato Si’ du pape François (deux des événements de 2015 les plus marquants au niveau environnemental) reflètent le souci croissant des humains pour l’état de la planète. La disparition des espèces, la pollution, le réchauffement climatique, la déforestation, l’élevage industriel, l’exploitation abusive des mers deviennent des préoccupations politiques. L’homme prend conscience qu’il ne survivra pas à un désastre écologique. Et qu’il y a comme une communauté de destin entre lui et le reste du vivant, en particulier avec les animaux.

Ce qu’enseigne l’éthologie

Contrairement à Descartes et à son disciple, le philosophe et prêtre Oratorien Malebranche [2], plus personne ne considère l’animal comme une sorte de mécanisme horloger sur pattes. Il ne saurait non plus être réduit à l’état de simple produit ou marchandise. La Suisse a d’ailleurs introduit dans sa Constitution fédérale de 1999 (art. 120, al. 2), à propos du génie génétique dans le domaine non humain, la notion du respect de « l’intégrité » des organismes vivants, dont les animaux. (En allemand le terme est plus fort et plus explicite. On dit Würde der Kreatur, dignité de la créature.)

La publication de l’Origine des espèces de Charles Darwin a permis d’établir une parenté évolutive entre l’homme et l’animal. Au niveau de l’ADN, il est prouvé que l’homme et le bonobo ont plus de 98 % de gènes en commun. Et si l’homme possède vingt-trois paires de chromosomes, le chimpanzé n’en possède qu’une de plus : treize paires sont pratiquement identiques, six sont très comparables et seules deux sont dissemblables. Cette petite différence de paires de chromosomes ou les 2% d’ADN commun manquant suffisent-ils à asseoir la primauté, la supériorité de l’homme sur l’animal ?

La notion d’empathie, que l’on pensait propre à l’homme, a été mise en évidence chez les souris et chez les éléphants. Nombreux sont les mammifères qui manifestent une sensibilité aux émotions des autres. Les recherches en éthologie menées depuis les années 50 – ancées entre autres par l’autrichien Konrad Lorenz, lauréat du prix Nobel de médecine en 1973, et reprises par le primatologue néerlandais Frans de Waal [3]– témoignent de cette proximité entre l’homme et l’animal, également du point de vue moral.

D’autres observations éthologiques de ces dernières décennies, notamment des singes et plus particulièrement du bonobo, ont invalidé les théories qui considèrent la fabrication des outils et le rire comme typiquement humains. Faire preuve de compassion, d’humour et même de dissimulation ne sont pas propres à l’espèce humaine. On retrouve chez les primates certaines bases émotionnelles de l’homme, notamment lors de résolutions de conflit, comme l’attention aux autres ou le sens de la justice. [4] Le psychiatre Boris Cyrulnik, qui a lui-même souffert de la barbarie nazie, n’hésite pas à écrire : « Le jour où l’on comprendra qu’une pensée sans langage existe chez les animaux, nous mourrons de honte de les avoir enfermés dans des zoos et de les avoir humiliés par nos rires. » [5]

L’homme moderne, suite au siècle des Lumières, a créé une hiérarchie arbitraire dans le monde du vivant, qui n’existe pas naturellement et ne prend en compte que ses propres intérêts. Mais l’homme du XXIe siècle ne peut plus nier ses obligations éthiques envers les animaux, ni les droits de ceux-ci. Alors pourquoi la réflexion sur la souffrance de l’animal reste-t-elle taboue dans notre société ? Pourquoi nos contemporains cherchent-ils à censurer tout esprit qui remet en question l’exploitation de l’animal ? Au regard de l’hécatombe animale (plus de 60 milliards d’animaux terrestres et 1000 milliards d’animaux marins sont tués chaque année pour la seule consommation humaine [6]), on voit bien qu’il reste beaucoup à faire... à commencer dans l’Église.

Estela Torres

L’Église interpellée

Au sein du catholicisme, les relations entre l’homme sacré (le prêtre) et l’animal ont été régies durant des siècles par certaines règles bienveillantes vis-à-vis des animaux. Ainsi était-il interdit aux clercs, durant le haut Moyen Âge, de pratiquer la chasse. De même qu’il leur était défendu, suite à une bulle du pape Pie V de 1567, d’assister à la corrida.

Dans les campagnes, en Europe, la bénédiction des animaux de ferme était fréquente et se répétait rituellement d’année en année ; le prêtre se rendait accompagné par deux servants de messe à l’étable, où il bénissait bétails et hommes. [7] Et depuis plusieurs décennies, il est de tradition, dans plusieurs paroisses catholiques et protestantes, de faire une célébration liturgique avec bénédiction des animaux le jour de la saint François d’Assise (le 4 octobre ou liturgiquement le dimanche qui suit ce jour). Cette tradition était déjà présente au Moyen Âge, notamment en plein centre de Rome, à l’église Saint-Eusebio. [8] Cependant, ce n’est que depuis peu que les animaux trouvent aussi leur place dans l’église, la maison de Dieu, au cours de cette célébration. Les personnes présentes, souvent les maîtres, vivent l’expérience que les animaux sont aimés de Dieu. Une sorte d’union, de fraternité cosmique, s’y vit, comme une expérience lointaine de l’arche de Noé où bêtes et hommes vivaient les uns à côté des autres, en totale harmonie. Rares sont les aboiements ou les disputes entre animaux durant la célébration. Pourtant on trouve côte à côte des chiens, des chats, des souris, des hamsters...

Ces manifestations de respect à l’égard des animaux restent insuffisantes. Il est temps pour l’Église d’écrire un nouveau chapitre de l’histoire, non seulement de l’humanité, mais de la terre entière. Comme le dit Michel Damien, « il n’est pas recevable pour le chrétien que nos rapports avec les animaux se définissent simplement en terme de biologie, d’écologie, d’économie ou d’élevage. L’animal est plus que de la viande ». [9]

Le courant végétarien, qui connaît un succès grandissant (les États-Unis comptaient plus de 16 millions de végétariens en 2015), devrait interpeller l’Église dans son rapport avec le reste du créé. Suivant l’exemple d’autres religions – l’hindouisme, avec l’interdiction des produits carnés, l’islam, avec l’interdiction de la consommation de porc, ou le judaïsme avec la nourriture cachère –l’Église durant des siècles a tenté de légiférer le rapport à la nourriture. Jusqu’à récemment, on n’osait pas manger avant la communion sous peine d’excommunication, et le jour du vendredi était connu comme un jour sans viande, mais avec l’ersatz de poisson. L’Église devrait revisiter cette vieille tradition et l’éclairer de manière neuve. L’homme ne se définit-il pas aussi à travers ce qu’il mange ?

Un droit de tuer ?

« Tout ce qui remue et qui vit vous servira de nourriture comme déjà l’herbe mûrissante, je vous donne tout » (Gn 9,3). Ce verset est compris au premier degré depuis de nombreux siècles. Dieu autoriserait l’homme à se nourrir de tout. Dieu donnerait donc le droit de tuer ! Cette interprétation est ainsi devenue la norme. Or le verset suivant déclare : « Toutefois vous ne mangerez pas la chair avec sa vie, c’est-à-dire son sang » (Gn 9,4). Comment prendre la vie d’un animal sans prendre en même temps son sang ? Ce sang qui symbolise la vie pour les Hébreux. Dieu n’a-t-il pas voulu, en établissant cette limite, rappeler à l’homme que la vie des autres créatures ne lui appartient pas vraiment ?

L’être humain n’aurait donc pas un droit absolu de tuer pour se nourrir. Chez de nombreux peuples de chasseurs-cueilleurs, le sentiment de culpabilité et la nécessité d’expier l’abattage des animaux sont fréquents. Dans certaines tribus d’Afrique, les chasseurs doivent effectuer, après ou avant leur propre chasse, « des rites destinés à purifier le meurtre qui souille leur conscience ». [10] La mise à mort d’animaux ne serait-elle finalement qu’une conséquence de la violence inhérente à l’homme ?

Le végétarisme, voulu et rappelé par la tradition exégétique juive qui commente ainsi les premiers versets de la Genèse (Gn 1,29), constitue une invitation discrète à la douceur dans la maîtrise que l’homme doit exercer sur les autres êtres vivants. Il suppose que l’homme consente à limiter son pouvoir, qui ne saurait être destructeur ou tyrannique. Même si, dans sa douceur, « Noé fait régner l’harmonie entre les vivants entrés avec lui dans l’arche, Dieu sait que le cœur de l’être humain est porté à la violence. En donnant aux humains une nourriture carnée, il fait place à leur violence, mais en mettant des limites. » [11] Pourquoi ne pourrions-nous pas, en ce début du XXIe siècle, cheminer vers davantage de paix en refusant la violence ?

Le silence, voire la démission, face aux questions découlant d’une meilleure prise de conscience de la place de l’animal révèle un désintérêt coupable par rapport à la vie en général. Il est de la responsabilité du chrétien d’explorer positivement toutes les dimensions du vivant. Le drame de la création qui souffre peut être contemplé dans un simple insecte en détresse. Comme le rappelle la Déclaration universelle des droits de l’Animal, proclamée officiellement à Paris en 1978, la vie n’appartient pas à l’espèce humaine ; l’homme n’en est ni le créateur, ni le détenteur exclusif ; elle appartient tout autant au poisson, à l’insecte, au mammifère ou au végétal.

La nouvelle encyclique Laudato Si’, titre qui fait référence à la figure de saint François d’Assise, patron des animaux, utilise à plus de vingt-quatre reprises le mot animal. Elle accorde une place bien plus importante aux animaux que ne le fait le Catéchisme officiel de l’Église catholique (CEC de 1992), qui ne leur consacre que quatre paragraphes (n° 2415-2418) –ce que regrettaient amèrement certains évêques, tel Mgr Brand, ancien archevêque de Strasbourg, qui évoquait des paragraphes qui « pèchent par excès de concision ». [12] Et au côté du nom générique d’animal, on trouve aussi dans l’encyclique celui de créature.

Le pape remet en cause dans Laudato Si’, de manière totalement neuve de la part d’une si haute autorité religieuse catholique, l’anthropocentrisme « déviant » ou « despotique » qui se trouve à l’origine de la maltraitance des animaux par l’homme (n° 69). Il déclare que « nous sommes appelés à reconnaître que les autres êtres vivants ont une valeur propre devant Dieu » et que « par leur simple existence, ils le bénissent et lui rendent gloire », puisque « le Seigneur se réjouit en ses œuvres » (Ps 104,31). François dénonce ainsi une vision purement utilitariste de l’animal : « Il serait aussi erroné de penser que les autres êtres vivants doivent être considérés comme de purs objets, soumis à la domination humaine arbitraire » (n° 82). « En effet, toutes les créatures sont liées, chacune doit être valorisée avec affection et admiration, et tous en tant qu’êtres, nous avons besoin les uns des autres » (n° 42).

Le pape invite également à une œuvre de contemplation à l’égard du reste du créé et affirme que le Christ reprend à lui la création toute entière. « La fin ultime des autres créatures, ce n’est pas nous. Mais elles avancent toutes, avec nous et par nous, jusqu’au terme commun qui est Dieu, dans une plénitude transcendante où le Christ ressuscité embrasse et illumine tout ; car l’être humain, doué d’intelligence et d’amour, attiré par la plénitude du Christ, est appelé à reconduire toutes les créatures à leur Créateur. » (n° 83). On évoquera ici, en parallèle, le Christ cosmique, le Christ reprenant tout à lui.

Estela Torres

Examen de conscience

À la suite du pape, il nous faut reconnaître que la société tout entière, tout comme l’Église, se trouve actuellement devant un problème de civilisation. Le pasteur alsacien Albert Schweitzer, avec son idée d’éthique du respect de toute vie, l’avait déjà entrevu en septembre 1915 au bord du fleuve de l’Ogooué au Gabon. La crise écologique et celle de l’exploitation animale qui lui est liée, et qui soulève des problèmes de conscience même chez des éleveurs, nous obligent de toute urgence à changer de paradigme.

Il nous faut passer par un profond examen de conscience, une sorte d’éveil, d’évaluation de la richesse de la vie en général et du respect qui lui revient, que ce soit celle de l’homme ou de la plus infime des créatures. Il nous faut aussi reconnaître que les animaux ne sont ni la propriété de l’homme ni uniquement créés pour son service. Ce sont des êtres vivants, avec qui nous partageons la même terre. Ces habitants du monde ont le droit d’avoir un espace et une vie propres. Nous sommes donc appelés à vivre avec eux en paix, en harmonie. Les hommes cependant ont une fonction supplémentaire de gardiens de la maison commune. Nous devons veiller à entretenir le jardin, pour la vie de tous, et réaliser ainsi la paix davidique, la promesse d’un nouveau monde.

Le combat pour l’abolition de l’esclavage a été long, même au sein de l’Église ; la lutte pour l’égalité entre les hommes et les femmes, avec notamment le droit de vote pour ces dernières, est toujours d’actualité dans certaines parties du monde ; gageons que le combat pour l’animal prendra, à moins d’un miracle, plusieurs siècles.

Des martyrs

Chaque cause juste entraîne irrémédiablement avec elle ses martyrs et ses saints. Comment terminer cet article sans évoquer le destin tragique de la primatologue américaine Dian Fossey, assassinée en 1985 au Rwanda à cause de son combat pour les gorilles, ou celui de Barry Horne, activiste anglais de la cause animale, mort en prison en 2001 suite à une longue grève de la faim ? Ils ont suivi l’appel aujourd’hui célèbre de Marguerite Yourcenar : « Soyons subversifs. Révoltons-nous contre l’ignorance, l’indifférence, la cruauté, qui d’ailleurs ne s’exercent si souvent contre l’homme que parce qu’elles se sont fait la main sur les bêtes. Rappelons-nous, s’il faut toujours tout ramener à nous-mêmes, qu’il y aurait moins d’enfants martyrs s’il y avait moins d’animaux torturés, moins de wagons plombés amenant à la mort les victimes de quelconque dictature, si nous n’avions pris l’habitude des fourgons où des bêtes agonisent sans nourriture et sans eau en attendant l’abattoir. » [13]

* Les auteurs sont respectivement président-fondateur et secrétaire générale de la Fraternité sacerdotale et laïque internationale pour le respect animal (FSLIRA). Peintre d’origine mexicaine, Estela Torres-Raine a réalisé entre 2013 et 2014 une série de dessins intitulée Passion animale, dont ceux qui illustrent cet article.

FSLIRA (devenu FRA en 2017)
La Fraternité sacerdotale et laïque internationale pour le respect animal (FSLIRA : www.animal-respect-catholique.org) a été créée par le Père Jelen en 2001. Représentative des combats pour la gent animale au sein de l’Église, elle souhaite devenir un organe de dialogue et de médiation entre les protecteurs des animaux et l’Église. L’association invite ses propres membres à réserver une place pour les animaux, dans leurs prières et leurs actions. Elle appelle aussi les communautés religieuses, catholiques et autres, à faire de la place à l’animal dans leurs réflexions et leurs engagements et à s’organiser pour prier pour la Création. Elle encourage également une prise de conscience végétarienne.

Notes

[1La Conférence de Paris sur le climat de 2015 était appelée Cop 21 car elle était aussi la 21e Conférence des parties.

[2Qui en frappant son chien dira : « Ça crie, mais ça ne sent pas. »

[3Professeur de psychologie à l’Emory University et directeur du Living Links Center au Yerkes National Primate Research Center, États-Unis. (n.d.l.r.)

[4Cf. Frans de Waal, Le Bonobo, Dieu et nous, Paris, Les liens qui libèrent 2013, 362 p. ; Le Bon singe. Les bases naturelles de la morale, Paris, Fayard 1997, 358 p.

[5Boris Cyrulnik, Élisabeth de Fontenay, Peter Singer, Les animaux aussi ont des droits, Paris, Seuil 2013, p. 8.

[6In Matthieu Ricard, Plaidoyer pour les animaux. Vers une bienveillance pour tous, Paris, Pocket 2014, p. 14.

[7Comme l’illustre la magnifique toile du peintre italo-suisse Giovanni Segantini, Bénédiction des moutons (1884).

[8Elle avait lieu en fait le 17 janvier, à l’occasion de la saint Antoine. L’écrivain allemand Johann Wolfgang Goethe y a assisté en 1786 lors de son voyage à Rome et a noté ses impressions dans son journal Voyage en Italie.

[9Michel Damien, L’animal, l’homme et Dieu, Paris, Cerf 1978, p. 46.

[10Matthieu Ricard, op. cit., p. 22.

[11André Wénin, Pas seulement de pain..., Paris, Cerf 1998, 304 p.

[12« Église, création et monde animal » in Michel Damien, L’Église et les Français. Crise de la foi, crise morale, crise sociale, quatorze évêques répondent, Paris, Robert Laffont 1997, p. 293.

[13Marguerite Yourcenar, « Qui sait si l’âme des bêtes va en bas ? », in Le Temps, ce grand sculpteur, Paris, Gallimard 1983, 248 p.