Discours du Président de la SVPA Professeur Debrot

, par Pierre

Discours du Prof. Debrot, Président de la SVPA, à l’occasion du 4 octobre 2002, fête de la St François d’Assise

« La Société Vaudoise pour la Protection des Animaux (SVPA) remercie chaleureusement la paroisse de Montreux pour son invitation et son accueil à la journée de bonté envers les animaux, organisée par Monsieur l’abbé Olivier Jelen, pour marquer la fête de Saint-François d’Assise.

François, fils d’un riche marchand, rompit avec sa famille et se fit ermite puis prédicateur itinérant, faisant œuvre de pauvreté. Il fonda l’ordre des franciscains, des frères mendiants. Toujours en extase spirituelle, porteur de stigmates, victime de privations volontaires, il mourut à 42 ans. Il est vénéré par les amis des animaux pour deux épisodes de son existence.

Premièrement : la journée des oiseaux. Etant passé à Alviano, il adressa quelques exhortations à la foule, mais les oiseaux remplissaient si bien l’air de leurs chants qu’il ne pouvait se faire entendre.

« Il est temps que je parle à mon tour » leur dit-il. « Ecoutez la parole de Dieu, gardez le silence et tenez-vous bien tranquilles jusqu’à ce que j’ai terminé. » Et les oiseaux se turent pour l’écouter.

Deuxièmement : un grand loup dévorait les bestiaux et s’attaquait aux humains. Dans le village, personne n’osait plus sortir de chez soi, le soir venu. François décida d’aller parlementer avec le fauve. On essaya de le décourager en lui montrant à quel point l’animal était dangereux. Mais il n’écouta pas les conseils. La nuit venue, il sortit du village. Le loup apparut et bondit vers le moine. « Frère loup », lui dit alors François sans s’émouvoir , « je t’ordonne au nom du christ de ne faire de mal à personne désormais. » Il prononçait ces paroles de sa voix douce et monotone. Le loup, habitué aux cris des villageois, écoutait. Alors tous les habitants virent avec stupeur François étendre la main vers le loup. Sans cesser de lui parler, il marcha peu à peu vers lui. Celui-ci, d’abord immobile, se mit à reculer, puis il fit demi-tour et disparut à jamais. La douceur et le calme venaient de triompher de la violence instinctive de l’animal.

St François d’Assise parlait aux oiseaux, aux bêtes et aux humains, ce sont ces derniers qui l’écoutèrent le moins. Saint François d’Assise constitue une exception dans l’histoire de l’Eglise. En effet, la règle de l’ordre des franciscains ne mentionne à aucune place les animaux. Il fallut attendre près de 2000 ans pour que l’Eglise prenne en considération les animaux. Le XIX è siècle a marqué le début d’une évolution. Libération des esclaves, libération de la femme, puis protection de l’enfance et des handicapés, et aussi protection des animaux. 1831, première société protectrice des animaux en Angleterre. 1861, fondation de la SVPA . 1876, première loi cantonale sur la protection des animaux dans le canton de Vaud. Actuellement, nous possédons une loi fédérale sur la protection des animaux. Les idées sociales des chrétiens ont beaucoup contribué à l’amélioration du respect à l’égard des animaux .

Un orateur religieux du début du XXè siècle s’écriait : « Vous n’êtes pas chrétiens si votre chien ou votre chat ont encore peur de votre main ou de votre pied. » Nous avons certes évolué, mais nous ne sommes pas chrétiens si nous ne nous soucions pas d’améliorer l’existence des animaux exploités par l’homme, exploités pour leur viande, exploités pour leur peau et leur fourrure, exploités pour servir d’objets d’expérimentations dans les laboratoires, etc. Le Christ a ouvert une nouvelle époque : « On vous a dit œil pour œil, dent pour dent, mais moi je vous dis aimez . » L’apôtre Paul écrivait il y a bientôt 2000 ans : « La création attend ardemment la manifestation des enfants de Dieu. » Elle attend… les animaux attendent ; ne serait-ce pas aujourd’hui l’occasion pour les chrétiens de se manifester ? Non pas pour un seul jour, le 4 octobre, mais pour tous les jours de l’année.

Trouvez-vous normal, acceptable, que l’on doive recueillir, à notre refuge de Sainte-, plus de 4500 animaux par année, abandonnés ou dont les propriétaires veulent se défaire pour des motifs souvent égoïstes et futiles, trompant ainsi la fidélité et l’attachement d’un animal ? Pourquoi est-il nécessaire que la SVPA ait un inspectorat pour déceler les mauvais traitement envers les animaux ? Pourquoi faut-il une loi sur la protection des animaux qu’il s’agit de faire respecter ? Parce que la manifestation des chrétiens envers les animaux n’est pas encore suffisante.

Deux journées comme celles-ci sont réconfortantes : il est merveilleux de constater cet élan en faveur des animaux. Puisse-t-il être durable. »