L’Eglise Catholique et la Corrida un article procorrida

, par Estela Torres

Le article suivant exprime la relation entre l’Eglise Catholique et les corridas. Animal Respect Catholique ne partage pas l’avis de cet article.

« La corrida est un combat de l’homme face à la bête et à sa bestialité. Il doit tuer le péché et l’animalité qui est en lui pour en faire ressurgir l’humanité ».  
Père Dominicain Pierre-Etienne Veiller « Le Midi Libre », juin 2003.

« Je crois à la vertu purificatrice de la corrida.
Je crois à cette fonction que le Grecs appelaient la catharsis,
qui nous lave de nos pulsions, de nos violences intérieures. »
Mgr Bruguès, Secrétaire de la Congrégation pour l’éducation catholique

Thierry Hély

L’Eglise Catholique et la Corrida

La Tauromachie et sa relation à la Religion

La corrida, perçue par les uns comme un « art noble » et par les autres comme une tuerie barbare, déchaîne les passions. Cela n’est pas nouveau, ses détracteurs et ses défenseurs s’opposent depuis le XVIe siècle. Toutefois, s’il semble à première vue difficile de trancher à l’intérieur d’un débat délicat où les opinions s’affrontent avec une vigueur extraordinaire, nous déclarons simplement, par delà les aspects purement spectaculaires de l’art tauromachique, que le décorum, les éléments quasi sacrés qui entourent la corrida (vêtements de lumière, sens du sacrifice, dévotion et sentiment religieux, etc.), sont un motif de nature à susciter respect et sympathie à l’égard de cette tradition singulière qui à tissé au fil des siècles des liens très étroits avec le catholicisme.

En effet, le temps de la corrida, celui de la féria, c’est-à-dire de la « fête », que cette dernière soit cause des corridas ou lam7.jpg corrida cause de la fête, est indissociable et toujours lié au domaine religieux de par les saints ou le temps liturgique auxquels sont associées les grandes réunions taurines : San Isidro à Madrid, Semaine Sainte à Séville, San Firmin à Pampelune [1], le Toro de la Vega à Tordesillas en l’honneur de la Vierge de la Peña [2], le Corpus Christi à Tolède, Pentecôte à Nîmes, etc., ceci, alors que paradoxalement, l’Eglise s’est parfois opposée aux jeux taurins qu’elle considérait comme des réminiscences directes des antiques jeux du cirque, sachant que ces dites « férias » étaient souvent l’occasion de débordements en divers domaines (alcool, sexualité, argent, etc.), dans un climat d’immense liesse populaire qui rappelait très clairement le monde du paganisme. C’est d’ailleurs l’un des rares domaines où, au-delà des Pyrénées, la pourtant si écoutée et révérée Eglise catholique espagnole, resta absolument impuissante à imposer certaines de ses volontés.

I. Rappel historique

Un rapide examen des données historiques nous fournit des renseignements intéressants, puisqu’en l’absence de sources fiables, de nombreuses thèses perdurent s’agissant de l’origine de la corrida. Ce que l’on peut affirmer, c’est que les premiers jeux taurins, sont sans doute une survivance des sacrifices d’animaux pratiqués dans les cultures primitives, et apparaissent tout d’abord probablement à Rome [3], puis ne resurgissent vraiment dans le sud de l’Europe que vers les XIe ou XIIe siècles, dans un contexte précis : la noblesse guerroyant à cheval y voyait une excellente possibilité de s’entraîner. Le Comte de Las Navas (1855-1935) considérait que l’origine de la corrida était intimement liée avec les premiers temps de l’humanité, faisant référence aux chasses préhistoriques de l’aurochs pour expliquer la survivance des jeux taurins en Espagne. Ces jeux, en ce pays, s’imposèrent d’ailleurs peu à peu en divers lieux et en de nombreuses occasions (fêtes pour célébrer la venue d’un personnage important, canonisation d’un saint, consécration d’un évêque, etc.). On aménageait, pour la circonstance la plaza del toro avec des gradins de bois et la population s’y retrouvait pour communier au spectacle de bravoure de quelques téméraires audacieux, qui venaient défier des bêtes sauvages possédant une énergie exceptionnelle.

II. La bénédiction de l’Eglise Catholique

Le clergé catholique espagnol, qui constatera l’engouement pour ces fêtes et qui s’interrogea sur la manière d’en circonscrire les tendances excessives, fera mieux à l’époque que soutenir les traditions taurines, il ira jusqu’à les bénir et leur conférer, intelligemment, un caractère religieux qu’elles ont encore conservé. On trouve, par exemple, dans un livre de la Société du Saint Sacrement de l’église paroissiale de Saint Pierre de Valladolid, un texte expliquant que cette Société offrira régulièrement « des jeux taurins ». Des Tiers Ordres, pour marquer les réjouissances liées à leur fondation, organisèrent des fêtes où l’on se livrait à la corrida ; certaines Confréries, comme Notre Dame de Sabor à Caceres, n’admettaient en leur sein que des « chevaliers courant les taureaux ». Lors de la béatification de sainte Thérèse d’Avila, en 1614, on organise trente courses lors desquelles cent taureaux sont mis à mort. Il en va de même lors de la canonisation de saint Ignace de Loyola, de saint François Xavier, de saint Isidore le Laboureur en 1622, de saint Thomas de Villeneuve en 1654.

Les liens entre l’Eglise et la corrida vont donc se resserrer étroitement, et l’on verra même éclore ce que l’on pourrait appeler « les miraclesmater01.jpg taurins » : Baltasar de Fuensalida en 1612 à Tolède, désarçonné par un taureau lors d’une corrida, invoque Notre Dame de l’Espérance pendant qu’il est encorné et guérit de ses blessures. Saint Pierre Regalado, patron de Valladolid, arrête un taureau furieux par son regard. Sainte Thérèse d’Avila elle-même, apaise deux taureaux qui viennent à ses pieds et qu’elle caresse.

De leur côté, les très catholiques monarques espagnols n’étaient pas reste, et semblaient eux aussi apprécier ces pratiques. C’est ainsi que l’Empereur Charles-Quint (1500-1558) fut si heureux de la naissance de son premier enfant qu’il descendit dans l’arène de Valladolid pour y combattre et tuer un taureau sauvage. De ce fait, les corridas sous Charles II, au XVIIe siècle, deviendront un vrai phénomène de société. Les conquérants espagnols introduisirent même les jeux taurins en Amérique Centrale et du Sud. En 1529 le conquistador Cortes y importe les taureaux, et plus encore qu’en Espagne, la tauromachie aura le soutien de l’Eglise. Les Indiens l’appréciaient et considéraient qu’il y avait là un équivalent de leurs rites. Ainsi, dans les territoires conquis par les espagnols au nouveau monde, les capucins élèvent des taureaux et possèdent, comme à Caracas, des arènes où, à l’occasion de chaque fêtes religieuses, se déroulent des corridas qui servent à financer la construction d’églises, de chapelles ou de monastères. C’est ainsi que fut édifiée l’église de Castillo de Chapultepec en 1788, ainsi que celle de Guadalupe en 1808. De même en Italie, séduit par cette vogue, César Borgia, fils du pape Alexandre VI, réintroduit la corrida qui avait été en vigueur à Rome jusqu’à Léon X (1521), pour la mettre au programme de ses divertissements favoris. Seule l’accession au trône d’Espagne d’un français, Philippe d’Anjou, le petit fils de Louis XIV, fera que l’on interdise un court temps aux seigneurs d’y participer, d’autant que les corridas de l’époque étaient bien plus dangereuses pour les hommes que celles d’aujourd’hui, et n’étaient pas sans risque pour les spectateurs, Francisco Goya, ayant représenté un accident survenu au cours d’une de ces fêtes, et entraîné la mort de l’alcalade de Torrejón. Symbole du lien étroit entre clergé et corrida, en 1761, un prêtre de la Rota (Province de Cadix) constitue un élevage qu’il cède à une confrérie trente ans plus tard. On vit même des moines se faire toréros à l’époque de pépé Hillo.

III. L’Eglise et le développement de l’art taurin

C’est d’ailleurs à un ecclésiastique, Don Gregorio de Tapia y Salcedo, que se codifie avec en 1643, la publication du Traité d’équitation et diverses règles pour toréer, la tauromachie à cheval réservée à la noblesse.
Par ailleurs, le célèbre taureau de Miura, aux caractéristiques exceptionnelles, qui est encore de nos jours le prince des arènes, fut formé au départ par un prêtre, Marcelino Bernaldo de Quiros, curé de Rota, qui croisa les vaches andalouses des pères dominicains du couvent de San Jacinto, avec des toros navarais, race qui provient elle-même des moines de la Très Sainte Trinité de Carmona.
Les spectacles taurins vont donc devenir un élément central des festivités en Espagne, et se dérouleront de plus en plus sur les places publiques afin de célébrer victoires, fêtes patronales ou événements religieux. Ceci fera émerger une tauromachie pédestre et populaire, très peu réglementée, pratiquée lors des fêtes religieuses, avant que, de 1730 à 1750, la corrida ne se codifie, faisant apparaître les trois « tercios » et surtout les passes à l’aide de la muleta. Les premières arènes permanentes sont édifiées, et de semi-sauvage, le taureau devient domestique et connaît les premières sélections génétiques pour en faire un combattant adéquat, sachant que les élevages sont tenus par des religieux (Dominicains, Chartreux), même si à terme, les élevages laïcs imposeront la suprématie du taureau andalou.

IV. Saint Pie V et la bulle « De Salute Gregi Dominici »

Toutefois, devant l’engouement excessif du peuple pour l’art taurin, en 1567, saint Pie V promulguait la bulle « De Salute Gregi Dominici » qui condamnait sans appel les jeux taurins. Il était même question de les abolir et de priver de sépulture chrétienne ceux qui trouveraient la mort dans les combats contre les taureaux.

Les termes de la bulle papale étaient extrêmement clairs :

« 1-En de nombreuses villes et autres lieux, on ne cesse d’organiser des spectacles privés ou publics consistant en courses de taureaux ou d’autres animaux sauvages, destinés à faire exhibition de force et d’audace, courses qui occasionnent fréquemment des accidents mortels, des mutilations et sont un danger pour les âmes.

2- Pour Nous, donc, considérant que ces spectacles où taureaux et bêtes sauvages sont poursuivis au cirque ou sur la place publique sont contraires à la piété et à la charité chrétienne, et désireux d’abolir ces sanglants et honteux spectacles dignes des démons et non des hommes et d’assurer avec l’aide divine, dans la mesure du possible, le salut des âmes, à tous et à chacun des princes chrétiens, revêtus de n’importe quelle dignité, aussi bien ecclésiastiques que profane, même impériale ou royale, quels que soient leurs titres et quelles que soient la communauté ou la république auxquelles ils appartiennent, Nous défendons et interdisons, en vertu de la présente Constitution à jamais valable, sous peine d’excommunication et d’anathème encourus ipso facto, de permettre qu’aient lieu dans leurs provinces, cités, terres, châteaux forts et localités des spectacles de ce genre où l’on donne la chasse à des taureaux et à d’autres bêtes sauvages. Nous interdisons également aux soldats et aux autres personnes de se mesurer, à pied ou à cheval, dans ce genre de spectacle, avec les taureaux et les bêtes sauvages.

3- Si quelqu’un vient à y trouver la mort, que la sépulture ecclésiastique lui soit refusée.

4- Nous interdisons également sous peine d’excommunication aux clercs, aussi bien réguliers que séculiers, pourvus de bénéfices ecclésiastiques ou engagés dans les Ordres sacrés, d’assister à ces spectacle. » [4]

Philippe II, conscient de la passion de son peuple pour la tauromachie, ne fera ni enregistrer ni publier cette bulle en Espagne, et négociera avec le successeur de saint Pie V, Grégoire XIII, qui décida finalement de lever l’interdiction pour les laïcs, bien qu ‘en 1583, Sixte V rétablira les sanctions, que lèvera de nouveau définitivement le pape Clément VII en 1596. Ainsi en Espagne, comme en France, la religion catholique et la tauromachie, même si en 1489 Tomàs de Torquemada avait condamné la corrida comme « spectacle immoral et barbare, inique et cruel », opéraient une rencontre originale, qui allait faire que l’art taurin et les pratiques de l’Eglise deviendraient indissociables Si la corrida fut un temps interdite par les autorités libérales en Espagne à la fin du XVIIIe siècle, elle est de nouveau autorisée par Ferdinand VII (1813-1833) dès 1814, l’inscrivant dans sa politique de réaction conservatrice aux idées des Lumières et de la Révolution française, qui rétablie également la Sainte Inquisition, rappelle les Jésuites et supprime la franc-maçonnerie.

Ferdinand VII, roi très catholique, créera même en 1830 une école de tauromachie, dont il confiera la charge à Pedro Romero, instituant une véritable culture tauromachique, indissociablement unie, protégée et bénie par l’Eglise. On vit donc s’adjoindre de façon permanente aux arènes, des chapelles, où des messes étaient célébrées avant les corridas, les toreros revêtus de leur habit de lumière, effectuant leurs dévotions, priant leurs saints tutélaires, et faisant plusieurs fois sur eux le signe de la Croix avant de pénétrer dans l’amphithéâtre, alors même que des prêtres étaient affectés aux lieux de cultes construits à l’intérieur des arènes.

V. Situation actuelle de la corrida dans un monde déchristianisé et anti-traditionnel

Alors qu’il n’y a pas à présent en Espagne, dans un monde de plus en plus déchristianisé, une procession de reliques ou une fête religieuse qui ne soit suivie ou précédée de corridas, qu’il existe des Confréries religieuses de toreros qui portent pendant la Semaine Sainte la Vierge de la Solitude, de la Merci, de la Rosée ou des Douleurs, qu’un élevage très réputé de taureaux, près de Salamanque, a été créé par le curé de Valverde, que dans la plupart des plazas, qui possèdent une chapelle attenante, les toreros sont bénis, comme à Nîmes, par un « aumônier » des arènes, de voir s’élever avec une rare virulence hystérique contre la tauromachie, tout ce que le monde actuel compte comme personnalités anti-traditionnelles les plus représentatives (Michel Onfray, Cabu, Michel Drucker, Cavanna, Mgr Gaillot, Renaud, etc.), au nom d’une étrange conception de la morale et de la vertu, traduisant une inexplicable haine qui ressemble beaucoup, jusqu’à s’y méprendre, à un net rejet du sacré.

« Loin d’être empreint de cruauté, le geste de toréer,
d’oser affronter un taureau et un public,
en vérité, me semble une expression symbolique très belle de cette foi dangereuse
qu’il faut pour vivre en homme et qui n’est d’abord religieuse même si elle peut l’être aussi. »

Père Jacques Teissier, aumônier aux arènes de Nîmes

On pourra ainsi aimablement sourire de voir par exemple un pasteur canadien, totalement ignorant de la réalité de la tauromachie, venir tancer l’aumônier des arènes de Nîmes, en des termes ridicules, ou encore écouter les arguments des anti-corridas, qui ne brillent pas par leur niveau, dans lesquels on retrouve toutes les vieilles ficelles de l’émotionnel contemporain accompagnées des classiques clichés de la sensibilité naïve, s’appuyant sur la starisation des avocats de l’abolition et la grosse artillerie médiatique larmoyante, tout ceci soutenu par la petite musique gauchisante et moderniste bien connue, à laquelle rien ne manque pour mettre en chanson la classique mélopée des refrains anti-traditionnels.

Le plus absurde est donc d’entendre les adversaires de la corrida, alors même que tous, majoritairement l’âme sereine, consomment, ou laissent consommer, allègrement et fort silencieusement, de la viande industrielle où les animaux sont indignement traités, portent des chaussures en cuir, engloutissent en une année leur poids en viande et charcuterie, ingurgitent des poulets préalablement plumés vifs, des grenouilles dont on prélève les cuisses vivantes, des homards ébouillantés, etc., pousser contre la « barbarie » de la corrida afin de criminaliser à grand bruit et manifestations aux goûts discutables, une pratique qui ne relève ni de l’industrie alimentaire, ni de l’expérimentation médicale, mais d’un rituel qui n’est évidemment pas du « sadisme » ni la satisfaction stupide d’un plaisir sanguinaire devant la souffrance d’une bête, mais représente une des dernières manifestations occidentales encore vivantes, qui conserve un lien profond et privilégié avec la religion, exprimant la confrontation éternelle de l’homme face à la puissance indomptée et nocturne de la nature, symbolisée par le taureau, en un acte tragique pénétré d’une inquiétante beauté, où transparaît, « dans la lumière » des arènes, l’essence sacrificielle de la vie.

Notes.

[1] Le célèbre lâché de taureaux, ou « encierro », représente l’évènement le plus important et célèbre de la féria San Fermin tant prisée par Hemingway. Les encierros ont lieu tous les jour et consistent en une course de taureaux sur une des rues de la ville menant aux arènes où des centaines d’hommes courent devant ces taureaux ! Chaque après-midi, des corridas ont lieu et des parades sont organisées à travers les rues de la ville. Le 7 juillet, une procession, dont les origines remontent au 13ème siècle, attire la foule en l’honneur de Saint Firmin. Fête annuelle depuis 1591, la longue semaine de festivités célèbre Saint Firmin, patron de la Navarre, rappelle qu’au IIIe siècle, quand Pampelune faisait partie de l’Empire Romain, Saint Firmin fut converti à la chrétienté par un évêque français : Saint Saturnin venu à Pampelune prêcher l’Evangile. Saint Firmin voyagea ensuite en France pour y étudier et devenir lui-même évêque.

[2] Le Toro de la Vega est une fête importante qui commence le 8 septembre de chaque année en l’honneur de la Vierge de la Peña (rocher en espagnol) dont l’ermitage se trouve de l’autre coté de la rivière, à Tordesillas localité située à 25 km au sud-ouest de la ville de Valladolid. Le samedi soir, tous les peñas (associations) parcourent la ville avec leur fanfare et une lanterne dont la plus belle reçoit un prix chaque année. Cette manifestation rappelle les rondes de garde sur les anciennes murailles. S’ensuivent plusieurs jours de fêtes qui culminent le mardi suivant avec le Tournoi du taureau de la Vallée. Le taureau est alors défié par des hommes à pied ou à cheval, dans un rituel qui a ses propres règles et qui est unique en Espagne.

[3] l’Histoire semble démontrer que les premières courses de taureaux organisées suivant un certain rituel se sont déroulées à l’époque de la Rome impériale. Elles faisaient partie des jeux du cirque qui comprenaient plusieurs genres. On les trouvait plus exactement parmi les "venationes", autrement dit "les chasses". (Cf. Les Tauromachies européennes. La forme et l’histoire, une approche anthropologique, Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1998).

[4] La bulle De Salute Gregi Dominici se poursuit ainsi :

« 5- Quant aux obligations, serments et voeux, sans exception, faits jusqu’à présent ou promis pour l’avenir par n’importe quelles personnes, par l’Université ou le Collège, concernant ces sortes de chasse de taureaux, même lorsqu’elles ont lieu, par suite d’une fausse piété, en l’honneur des saints ou à l’occasion d’une solennité ou fête ecclésiastique quelconque, qu’il faut au contraire honorer et célébrer par des louanges, des réjouissances spirituelles et des oeuvres pies et non par ce genre de spectacles, Nous les interdisons absolument, les cassons et les annulons et, suivant les cas, jugeons et proclamons à jamais qu’on doit les considérer comme sans effet et non avenus.
6- Nous ordonnons à tous les princes, comtes et barons feudataires de la Sainte Eglise Romaine, sous peine de la privation de leurs fiefs qu’ils ont reçus de l’Eglise elle-même, et Nous exhortons dans le Seigneur les autres princes et seigneurs chrétiens et leur ordonnons en vertu de la sainte obéissance par respect et pour l’honneur du saint Nom de Dieu, d’observer strictement toutes les choses prescrites ci-dessus, en leur promettant une magnifique récompense de Dieu en retour d’une si bonne oeuvre.
7- Nous ordonnons, en outre, à tous nos vénérables frères, patriarches, primats, archevêques et évêques, et aux autres ordinaires des lieux, en vertu de la sainte obéissance, sous peine de jugement divin et de la condamnation à l’éternelle malédiction, de publier suffisamment dans leurs villes et diocèses respectifs la présente lettre et de faire observer les dites prescriptions également sous les peines et censures ecclésiastiques. » [Bullarium Romanum, Titre VII, La Documentation catholique, 1935].

Bibliographie :

Corridas : d’or et de sang, Marine de Tilly, éditions du Rocher, 2008.
Ethique et esthétique de la corrida, numéro spécial de la Revue critique, Editions de Minuit, 2007.
Philosophie de la corrida de Francis Wolff, Histoire de la Pensée, Fayard, 2007.
Histoire de la corrida en Europe du XVIIIe au XXIe siècle, Élisabeth Hardouin- Fugier, Connaissances et savoirs, 2005.
Michel Leiris, l’écrivain matador, Annie Maillis, L’Harmattan, 2000.
Sang et lumière, Joseph Peyré, Grasset, 1935.
Mort dans l’après-midi , Ernest Hemingway, Gallimard, 1932.
Les Bestiaires, Henry de Montherlant, 1926.