Un Chrétien doit dire non aux sacrifices modernes, pour la suppression de la corrida, de l’agneau de Pâques et autres coutumes apportant la souffrance animale au nom de Dieu. Raphaël Steck, évêque modérateur de l’ Union Apostolique Gallicane

, par Estela Torres

https://centremisericorde.blogspot.fr/2018/03/lettre-pastorale-un-chretien-doit-dire.html?spref=fb&m=1

Un Chrétien doit dire non aux sacrifices modernes
pour la suppression de la corrida, de l’agneau de Pâques
et autres coutumes apportant la souffrance animale au nom de Dieu.

Monseigneur Raphaël Steck, évêque modérateur de l’Union Apostolique Gallicane
et recteur du Centre Miséricorde de Lingolsheim à tous ceux qui liront les présentes :
Paix, Force et Joie en Jésus Christ Roi Vainqueur.

Mes soeurs et frères,

La tradition fait dire à l’apôtre des Gentils dans sa Lettre aux Hébreux chapitre 9 versets 11 à 15 : "Mes frères : Le Christ ayant paru comme grand prêtre des biens à venir, c’est en passant par un temple plus excellent et plus parfait, qui n’est pas construit de main d’homme, c’est-à-dire, qui n’appartient pas à cette création-ci et ce n’est pas avec le sang des boucs et des taureaux, mais avec son propre sang, qu’il est entré une fois pour toutes dans le saint des Saints, après avoir acquis une rédemption éternelle. Car si le sang des boucs et des taureaux, si la cendre d’une vache, dont on asperge ceux qui sont souillés, sanctifient de manière à procurer la pureté de la chair, combien plus le sang du Christ qui, par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il notre conscience des oeuvres mortes, pour servir le Dieu vivant ? Et c’est pour cela qu’il est médiateur d’une nouvelle alliance, afin que, sa mort ayant eu lieu pour le pardon des transgressions commises sous la première alliance, ceux qui ont été appelés reçoivent l’héritage éternel qui leur a été promis en Jésus-Christ Notre-Seigneur."

Il est difficile de mesurer aujourd’hui la portée sur le peuple hébreux des paroles de saint Paul ou plus précisément d’un de ses disciples qui serait l’auteur de ce texte, mais nul doute que cela n’a pas été accueilli avec une grande joie tant la force des habitudes était grande et les sacrifices animaliers au Temple une coutume ancrée depuis plusieurs siècles.

L’on est d’ailleurs en droit de se poser la question : "Pourquoi dans l’Ancien Testament Dieu accepte-t-il les sacrifices d’animaux ?" Le théologien Jean Paul Morley nous donne un élément de réponse dans son article d’avril 2011 paru sur blog et intitulé Bible - faire souffrir les animaux : " Un sacrifice n’a de sens que si l’on sacrifie quelque chose de précieux, si l’on donne de soi, et le sacrifice n’est valable que s’il offre quelque chose en substitution de soi-même, un équivalent de soi-même. Ainsi le fait que le sacrifice animal soit le plus valorisé après le sacrifice humain, montre précisément la proximité de l’animal avec l’être humain." Le sacrifice est donc chose tout à fait exceptionnelle et ultime.
N’oublions pas non plus que dans la Genèse 1, 29-30 l’homme est le protecteur de l’animal et que tous les deux sont soumis à un régime purement végétarien. Comme le dit le père Robert Culat dans Vegactu du 5 novembre 2013 : "le projet de Dieu Créateur est pro-végétarien clairement". Ce n’est qu’après l’entrée du mal dans le coeur de l’homme et donc le péché que Dieu accorde aussi aux hommes un régime carnivore, après le déluge tel que nous l’indique Genèse 9,3.

Notons que ce changement de régime s’accompagne d’une restriction avec l’interdiction de manger le sang des animaux (9,4). Pour les hébreux le sang est égal à la vie, car le sang est le véhicule de l’âme d’où le terme animal. C’est pour cette raison que la chair sans le sang n’est que cadavre. Ce que nous retrouvons dans le lexique français : un corps vivant est appelé « corps » tandis qu’un corps mort est qualifié de « cadavre ». Nous pouvons préciser aussi que ce verset du Livre Saint nous indique que l’on peut manger la viande de l’animal mais qu’il n’est pas indiqué du tout que l’on doive le tuer pour cela.

Nous voyons donc l’homme contrevenir aux lois divines à plusieurs reprises. Premièrement en tuant l’animal pour le manger ce qui n’est pas stipulé à l’origine et deuxièmement en transformant les sacrifices exceptionnels en une chose courante et quotidienne.

Ce dont je voudrais vous entretenir aujourd’hui n’a pas de rapport avec la nourriture (qui mériterait par ailleurs un livre complet) mais se centre sur la notion de sacrifice. Car de nombreux chrétiens ne veulent pas comprendre que, pour nous, la souffrance animale pour une quelconque réjouissance ou pour honorer Dieu ou un saint est considérée comme une action purement diabolique dont nous devons nous tenir éloignés.

Le Sacrifice Ultime du Christ

Au moment de l’Incarnation du Sauveur Jésus Christ, les sacrifices en Israël sont légion. En effet, on sacrifie à la naissance de l’enfant premier-né, à la fête du Grand Pardon pour expier ses péchés, lorsque l’on veut demander le pardon de Dieu et on sacrifie l’agneau à Pâques. Tous ces sacrifices alors que Dieu les déteste au plus haut point comme il le dit à plusieurs fois aux prophètes et tel que nous le transcris Isaïe : "Qu’ai-je à faire de la multitude de vos sacrifices ? dit l’Eternel ; je suis rassasié des holocaustes de béliers et de la graisse des veaux. Je ne prends point plaisir au sang des taureaux des brebis et des boucs. Quand vous venez vous présenter devant moi, qui vous demande de souiller mes parvis ?" (Isaie 1,11-12).

Nous le voyons, l’homme s’est écarté de l’Amour de Dieu et plutôt que de prendre sur lui la responsabilité de ses propres péchés, il en charge les animaux. Ainsi, il ajoute à sa propre souffrance causée par son éloignement du coeur de Dieu la souffrance de son frère l’animal qui lui avait été confié.

La fin des sacrifices animaliers est sans aucun doute l’un des aspects les plus ignorés de l’action du Christ sur la terre. Pourtant, les théologiens orthodoxes nous expliquent que, par son Incarnation sur la terre, sa Mort, sa Résurrection et son Ascension au Ciel, le Christ à réconcilié l’ensemble de la Création avec le Créateur. Voilà encore en exemple ce que disait la préface d’offertoire de l’Ascension dans l’ancienne liturgie gallicane du VIIe siècle : " Ayant accompli l’économie divine, Jésus-Christ notre Dieu et Seigneur, né de la Vierge Marie, baptisé par Jean, reçu par le publicain, écouté par la prostituée, haï par les prêtres et son peuple, confessé par les enfants, trahi par son apôtre, renié par Pierre, abandonné par les siens, crucifié par ceux qu’Il aimait, Il a brisé l’orgueil de l’ennemi, rempli de sa lumière l’enfer, libéré les prisonniers, Il est ressuscité le troisième jour, et Il S’est manifesté pendant quarante jours à ses amis, les initiant aux mystères du salut. Aujourd’hui, Il revient vers son Père qu’Il n’a jamais quitté, l’anneau de fer se referme, tout est inondé par sa présence, le ciel, la terre et l’enfer ; partout est proclamé : Dieu est devenu homme, l’homme est déifié ! "

Le Christ est mort sur la Croix en un sacrifice ultime et définitif et, par ce sacrifice qui nous lave de nos péchés et qui réconcilie le monde avec Dieu, il n’abolit pas les anciens sacrifices mais il leur donne leur suprême consommation. Comme dit saint Thomas d’Aquin : "La loi nouvelle accomplit ce que l’ancienne loi figurait, c’est pourquoi il est dit dans Colossiens 2 verset 17, à propos des cérémonies, qu’elles étaient des ombres des réalités à venir, c’est-à-dire du corps du Christ" (cite les références). Par son Sacrifice ultime et éternel représenté par le culte de la nouvelle et éternelle alliance, il rend les sacrifices anciens caducs. L’Agneau de Dieu est immolé une fois pour toutes ! Sans le dire ouvertement ni heurter violement les habitudes de l’époque, le Christ rend totalement inutile de faire couler le sang des animaux.

Une chose étrange qui m’a toujours marqué est que, les sacrifices du Temple furent définitivement terminés et ce moins de 40 ans après l’Ascension. Même si, malheureusement, cela fut par la barbarie des armées romaines et dans la destruction générale de la Ville Sainte.

De notre entêtement

Nous pourrions croire que tout cela est fini depuis bien longtemps ! Que les sacrifices sont l’affaire des autres religions. D’ailleurs, nous sommes souvent prompts à critiquer les autres communautés pour cela. Alors oui, en effet, quel intérêt y a-t-il à tuer tant de moutons pour telle ou telle fête ? Nous pouvons et devons condamner ces sacrifices. Mais il serait bon aussi de ne pas traiter les autres de barbares quand nous même le sommes aussi.

Si je vous donne des mots ou expressions comme "agneau de Pâques", "dinde de Noël", et le "veau de la Pentecôte" qui apparaît de plus en plus souvent depuis quelques années, quelles images vous viennent en tête ? Nous rendons-nous compte du nombre de victimes innocentes que ces fêtes engendrent ? Cent millions d’Agneaux sont tués dans le monde pour la fête pascale.

Alors oui, la démarche sacrificielle n’est peut-être plus vraiment présente parmi les consommateurs mais c’est une coutume liée à une fête religieuse. On pense obéir à une juste tradition en mangeant un agneau à Pâques ou en abattant une dinde à Noël. Comme le mos majorum romain, on se dit cette phrase qui à elle seule pourrait tuer le monde : "On a toujours fait comme cela". N’est-il pas temps de penser à changer de fonctionnement ? En Alsace nous avons une belle tradition qui est de manger un agneau fait en biscuit. C’est beaucoup mieux non ?

D’autre mots pourraient aussi nous faire réfléchir comme : "Corrida", ou autres fêtes votives que l’on trouve notamment en Espagne où l’on torture des animaux pour honorer un saint. Comment peut-on croire que le Ciel va nous accorder des grâces avec des horreurs pareilles ?! Jeter un âne du haut d’un clocher, jeter une vache dans la mer d’un haut d’une digue ou jeter des taureaux du haut d’un pont comme cela se faisait à Lyon pendant des siècles, enflammer les cornes d’une vache ou égorger des milliers d’oies, c’est de la barbarie et de la barbarie bien chrétienne ! De la barbarie issue des anciens cultes païens. Les corridas sont des abominations organisées souvent en l’honneur d’un saint, de la Vierge Marie ou du Christ. L’Église catholique cautionne cela malheureusement et l’on voit souvent des prêtres et évêques bénir les toreros et célébrer la messe dans les arènes, lieu où le sang sera répandu. Déjà lors de la béatification de sainte Thérèse d’Avila, en 1614, trente courses ont été organisées lors desquelles cent taureaux ont été mis à mort. Il en est allé de même lors de la canonisation de saint Ignace de Loyola, de saint François Xavier, de saint Isidore le Laboureur en 1622 et de saint Thomas de Villeneuve en 1654. Nous pourrions nous dire « c’est vieux cela remonte loin », mais il y a encore quelques années Mgr Jean Louis Bruguès, actuel bibliothécaire du Vatican disait sans aucuns remords : " Je crois à la vertu purificatrice de la corrida. Je crois à cette fonction que les Grecs appelaient la catharsis, qui nous lave de nos pulsions, de nos violences intérieures."

En écrivant ces horreurs, j’ai envie de vous mettre le texte complet de la magnifique bulle du pape saint Pie V condamnant les corridas : " Pour Nous donc, considérant que ces spectacles où taureaux et bêtes sauvages sont poursuivis dans l’arène ou sur la place publique sont contraires à la piété et à la charité chrétiennes, et désireux d’abolir ces sanglants et honteux spectacles dignes des démons et non des hommes et d’assurer avec l’aide divine, dans la mesure du possible, le salut des âmes : à tous et à chacun de princes chrétiens, revêtus de n’importe quelle dignité aussi bien ecclésiastique que profane, même impériale ou royale, quels que soient leurs titres ou quelles que soient la communauté ou république auxquelles ils appartiennent, Nous défendons et interdisons, en vertu de la présente constitution à jamais valable, sous peine d’excommunication ou d’anathème encourus ipso facto, de permettre qu’aient lieu dans leurs provinces, cités, terres, châteaux forts et localités, des spectacles de ce genre où l’on donne la chasse à des taureaux et à d’autres bêtes sauvages. Nous interdisons également aux soldats et aux autres personnes de se mesurer, à pied ou à cheval, dans ce genre de spectacle, avec les taureaux et les bêtes sauvages. (…) Nous interdisons également sous peine d’excommunication aux clercs, aussi bien réguliers que séculiers, pourvus de bénéfices ecclésiastiques ou engagés dans les Ordres sacrés, d’assister aux dits spectacles. (…) " Extrait de « De salute Gregis dominici », bulle de Pie V du 1er novembre 1567.

Le saint pape était clair, la corrida est une oeuvre des démons et il avait bien perçu les forces occultes que cela peut mettre en oeuvre. Un ami, spécialiste de l’ésotérisme, m’expliquait récemment qu’il ne fallait jamais, oh grand jamais verser le sang d’un animal car à ce moment-là, que l’on invoque les saints, les anges ou Notre Dame, ce seront toujours des forces négatives, maléfiques voir démoniaques qui répondront quitte à tromper les hommes sur leur nature.

Le sang appelle le sang, la violence appelle la violence et nous nous devons de lutter contre ces abominations. C’est pour la sauvegarde de nos frères et soeurs du règne animal que nous devons faire cela. C’est aussi pour ceux qui se rendent coupable, car nous devons les amener au repentir afin de les aider à sortir de cette spirale mortifère. C’est pour l’humanité toute entière que nous devons nous battre contre cette sauvagerie. Nos enfants et petits-enfants nous remercierons pour cela.

Quand nous aurons enfin renoncé à la barbarie, nous pourrons être dignes du Sacrifice suprême de l’Agneau de Dieu, le Christ Jésus dont seul le Précieux Sang répandu sur nos autels pendant la Sainte Messe peut apporter la vie et le bonheur. Nous passerons alors d’enfants ingrats, d’adorateur des idoles aux vrais adorateurs de Dieu dignes de la Rédemption. Ainsi purifiés par le Sang Divin, nous pourrons avoir accès au Royaume de Miséricorde et d’Amour.

Que cette fête de Pâques et la contemplation des souffrances du Crucifié ainsi que la joie de sa Résurrection nous éclairent et fassent tomber les écailles de nos yeux.

Avec ma bénédiction apostolique.

Donné sous notre sein et le sceau de nos armes
ce jour du 19 Mars 2018 en la fête de Saint Joseph

+ Raphaël Steck
Evêque

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