Prise de position sur la Campagne de l’agneau de Pâques et toute la souffrance animale MISE A JOUR 10 mars, 2020

, par Estela Torres

Notre position

Nous avons lancé cette pétition pour la quatrième occasion avec deux objectifs : L’un au moment de Pâques pour demander aux églises chrétiennes de se prononcer contre la consommation d’agneau à Pâques. Mais aussi pour contrer le silence des églises chrétiennes à l’égard de la souffrance et de l’injustice envers les animaux.

1-Pétition pour les agneaux à Pâques : Rendre à Pâques sa vraie signification

FRA en tant qu’association chrétienne, s’oppose fermement à la pratique consistant à manger de l’agneau à Pâques, ce qui est contraire au vrai sens de Pâques.

La fête de Pâques est la plus importante pour les chrétiens elle ne peut pas être tachée de sang quand au même temps elle célèbre la Résurrection du Christ, sa victoire sur la mort, qui est l’élément central de la foi chrétienne. Elle est la fête chrétienne la plus ancienne et la fête centrale de l’année liturgique. La fête de Pâques a été récupéré par les lobbies de la viande et les entreprises. Des plus en plus nous constatons une sécularisation de cette fête. Nous ne savons plus si ceux qui mangent de l’agneaux sont que des chrétiens ou des non chrétiens qui suivent une tradition d’origine commerciale. Pour cette raison il est indispensable pour les églises chrétiennes de prendre leurs responsabilités : qu’elles se détachent de cette pratique qui n’est pas chrétienne. Le silence complice n’est plus acceptable dans un monde empreint de violence. Nous déplorons ce contre-témoignage que les chrétiens donnent en associant un festin à la mort. Nous entendons tellement de commentaires de gens qui ne comprennent pas comment une religion peut permettre l’abattage de créatures innocentes.

signification de Pâques :
http://eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/les-grandes-fetes-chretiennes/careme-et-paques/semaine-sainte-paques/437257-fete-paques/

Croyants ou non, nous pouvons tous prendre position contre les injustices dans tous les domaines, même religieux, surtout si la mort et la souffrance sont impliquées.

2. Pétition pour questionner l’Église, demander un dialogue concernant tous les animaux exploités

Certaines personnes considèrent peu probable que cette pétition atteigne le Pape ... après tout, combien de pétitions, de lettres de personnes lui demandant d’intervenir pour les animaux restent sans réponse ? On constate encore aujourd’hui que l’animal n’est pas encore un sujet sur lequel l’ l’Église cherche à approfondir (à l’exception des surtout théologiens protestants.)

Le sujet des animaux reste encore aujourd’hui un TABOU dans la sphère chrétienne surtout dans l’Église catholique. Michel Damien l’a décrit ainsi, "Si dans la théologie quelque chose donne une idée de la vitesse de la lumière, c’est bien la rapidité avec laquelle les questions sur les bêtes on été expédiées". (Michel Damien "L’animal, l’homme et Dieu, Paris, éd.du Cerf, 1978, pg.120)

Certaines personnes mentionnent l’encyclique comme une percée. Si Laudato Si a amené l’Église à réfléchir sur les relations de l’homme avec son environnement, elle ne fait malheureusement pas grand chose pour considérer les animaux comme des êtres qui ont le droit d’exister pour leur propre bien. Il ne place les animaux que dans la nature et ne les abordent principalement que dans ce contexte. Nulle part dans l’Encyclique l’élèvage industrielle est mentionné par exemple. Bien qu’il y ait plusieurs passages qui semblent d’abord se rapprocher des animaux, ces passages sont inévitablement contrecarrés par un autre passage d’ailleurs dans l’encyclique, (ou même dans le même passage). Laudato Si a fait progresser l’Église dans sa réflexion sur tout ce qui entoure l’homme. Mais elle place l’animal du côté de la nature et non comme un sujet en soi, comme un autre, comme mon prochain. Les animaux restent à la périphérie et tombent dans des discussions et se perdent dans des termes comme les créatures ou la biodiversité, mais ne sont abordés que marginalement et sans exception discutés en termes de leur relation avec et comme objets à utiliser par les humains. Il n’y a pas encore de place pour l’individu animal souffrant, qui n’est amené au monde que pour souffrir et mourir avant son heure par une décision humaine. L’Église catholique voit toujours dans l’animal, un ingrédient, un repas, une chose, un être créé expressément par Dieu pour l’humanité.

Les discours ready-made tels que « vous devriez prendre soin des misères humaines plutôt que des animaux » viennent d’une réflexion limitée sur le manque ou le devoir choisir comme s’l n’y avait pas assez pour tous. Il y a un aveuglement à ne pas vouloir voir l’animal du côté des victimes avec les exploités et les pauvres. Ce type de raisonnement nui tellement l’animal. La plupart du temps, il ne s’agit pas de choisir entre l’un ou l’autre, mais d’inclure les animaux dans le champ de l’amour et le cercle de la compassion. L’amour n’est pas quelque chose qui est limité et, en fait, il se multiplie lorsqu’il est exercé. La violence et la cruauté viennent du repli de l’Homme sur lui-même et les victimes sont des animaux aussi bien que des humains. Mathieu Ricard a répondu très clairement quand lui même a été critiqué pour son livre "Plaidoyer pour les Animaux"

(voir l’article)
https://animal-respect-catholique.org/le-mauvais-proces-de-l-indecence-mathieu-ricard

Quelques extraits :

"Si le fait de consacrer quelques-unes de nos pensées, de nos paroles et de nos actions à la réduction des souffrances innommables que nous infligeons délibérément aux autres êtres sensibles que sont les animaux constitue une offense aux souffrances humaines, qu’en est-il alors d’écouter France Musique, de faire du sport et d’aller se faire bronzer sur une plage ?"

"En aimant aussi les animaux, on n’aime pas moins les hommes, on les aime mieux, car la bienveillance est plus vaste et donc de meilleure qualité. Celui qui n’aime qu’une petite partie des êtres sensibles, voire de l’humanité, fait preuve d’une bienveillance partiale et étriquée."

"Les défenseurs des animaux n’oublient pas la souffrance des êtres humains. Aimer les bêtes, c’est aussi gagner en humanité."

L’animal devra attendre encore une fois son tour pour que l’Eglise en fin parle et pense à lui avec toute son attention. Et pourtant il y a tout dans le Christianisme pour donner à l’animal toute sa place, et toute sa vie.