Les chrétiens et la viande par Massimo Montanari

, par Pierre

Texte traduit par Vincent Jolivet.
L’Histoire mensuel 440
octobre 2017 - 2767 mots
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Contrairement au judaïsme et à l’islam, le christianisme n’a pas défini d’interdits quant à la consommation de viande. Retour sur une exception alimentaire et ses hésitations depuis l’Antiquité.

Peut-on, en conscience, tuer des animaux pour se nourrir de leur chair ? A cette question, qui concerne tout un chacun dans son rapport à la faim, au plaisir et à la santé, les systèmes religieux et philosophiques ont apporté différentes réponses, en mettant l’accent sur plusieurs thèmes fondamentaux comme la valeur de la vie, la conception de la nature, la place de l’homme dans l’univers. Bien des cultures (en particulier orientales) ont développé des idées de solidarité et de compassion entre tous les êtres vivants qui, participant au même flux vital, seraient donc tenus à un respect mutuel. Dans les cultures méditerranéennes, c’est la pratique du « sacrifice » qui a prévalu : elle permet de tuer des animaux en ritualisant le geste, et en transposant sa signification sur le plan du sacré. La tradition juive, pour sa part, a élaboré une casuistique complexe, qui distingue les viandes mangeables de celles qui ne le sont pas. Quelle fut, à cet égard, la position du christianisme ?

Le choix des premiers apôtres fut de ne pas dicter de règles, en déplaçant l’attention de l’objet au sujet : l’important n’est pas ce que l’on mange, mais comment on le mange, avec quelles intentions, quelles pensées, quelles attitudes. Cette liberté a suscité au fil des siècles des positions contradictoires, parfois ambiguës, d’autant que des préceptes et des règles de diverses natures n’ont pas tardé à contredire ce principe théorique.

« Nous aimons tant la Création que nous la respectons, nous aimons tant la vie que nous ne voulons la soustraire à aucun être vivant » : ainsi est introduit le site web de l’Association des catholiques végétariens, constituée en Italie en 2009, qui s’appuie sur de nombreuses citations de la Bible et de Vies de saints « qui dans l’histoire bimillénaire de l’Église ont fait de la bienveillance envers les créatures un don de charité »1.

Veiller sur la Création, plutôt que la dominer : cette idée figure aussi dans l’encyclique Laudato si’ du pape François (2015). Il ne fait guère de doute que les catholiques végétariens relisent l’histoire avec une certaine partialité, car les positions qu’ils revendiquent ont toujours été difficiles à défendre, voire condamnées comme hérétiques : au Moyen Age, une épreuve décisive utilisée pour démasquer les adeptes de la doctrine cathare - car ils se seraient tenus à un régime strictement végétarien - était de contraindre le suspect à tordre le cou d’une poule. La doctrine chrétienne s’était en effet développée sur l’idée, issue tant de la Bible que de la philosophie d’Aristote, que les espèces animales n’ont pas toutes la même valeur et donc que le respect de la vie ne vaut pas pour toutes de la même manière. Saint Augustin le déclare très clairement : « Le commandement "Tu ne tueras point" ne concerne que l’homme » (De civitate Dei, I, 20).

On comprend donc facilement que la consommation de viande pour les chrétiens ait toujours été particulièrement compliqué. Et dire que, sur le papier, tout semblait si simple...

La vision de saint Pierre

Faisons un pas en arrière pour relire un extrait fondamental des Actes des Apôtres (X, 9-16). Il contient une inquiétante vision de l’apôtre Pierre à Jaffa : « Pierre monta sur la terrasse de la maison vers midi, pour prier. Saisi par la faim, il voulut prendre quelque chose. Pendant qu’on lui préparait à manger, il tomba en extase. Il contemplait le ciel ouvert et un objet qui descendait : on aurait dit une grande toile, tenue aux quatre coins, et qui se posait sur le sol ; il y avait dedans tous les quadrupèdes, tous les reptiles de la Terre et tous les oiseaux du ciel. Et une voix s’adressa à lui : "Debout, Pierre, tue et mange !" Pierre dit : "Certainement pas, Seigneur ! Je n’ai jamais pris d’aliment interdit et impur !" A nouveau, pour la deuxième fois, la voix s’adressa à lui : "Ce que Dieu a déclaré pur, toi, ne le déclare pas interdit." Cela se produisit par trois fois et, aussitôt après, l’objet fut emporté au ciel. »

Cet épisode montre le tournant radical opéré par le christianisme par rapport à la tradition juive. Cette dernière assurait que les premiers hommes avaient été végétariens : « Voici, avait précisé Dieu après avoir installé Adam et Ève dans le jardin d’Éden, que je vous donne toute herbe portant semence à la surface de toute la Terre, et tout arbre qui porte un fruit d’arbre ayant semence ; ce sera pour votre nourriture » (Genèse, I, 29). Le fruit d’un seul arbre - celui de la Connaissance - était interdit. On sait comment s’acheva l’histoire.

Chassé de l’Éden, l’homme révéla sa nature violente et Dieu pensa l’éliminer de la Terre. Avant de déclencher le Déluge, il sauva pourtant un juste, avec toute sa famille. Scellant avec lui un nouveau pacte, il lui prescrivit un régime différent, qui tenait compte de l’imperfection humaine. Dans la mythologie biblique, Noé est le premier homme que Dieu autorise à manger de la viande : « Tout ce qui se meut et qui a vie vous servira de nourriture : je vous donne tout cela comme l’herbe verte. » Mais à une condition : « Vous ne mangerez point de chair avec son âme, avec son sang » (Genèse, IX, 3-4). Dieu seul, qui donne la vie, peut la retirer : lui restituer le sang est une manière symbolique pour sanctifier et, en quelque sorte, exorciser le geste. Le récit biblique fonde ainsi la pratique rituelle du saignement des animaux, préalable indispensable à la consommation de leur chair.

Juifs et musulmans suivent encore aujourd’hui cette règle. L’un des aspects révolutionnaires de l’ordre donné par Dieu à Pierre est la suppression du sacrifice : « Tue et mange », lui dit-il. Plus de rituel à observer, plus de prêtres chargés de verser le sang sur l’autel ; on mange la viande, et c’est tout.

Le message reçu par Pierre est révolutionnaire pour une seconde raison : il abolit la distinction entre viandes « pures » et « impures », propres ou impropres à être consommées. Elle est une autre règle fondamentale du judaïsme, que le récit biblique fait remonter à la rencontre entre Dieu et Moïse, alors qu’ils établissent un nouveau pacte (après ceux conclus avec Adam et Noé) réservé, cette fois, au peuple juif. La distinction entre les viandes servira à distinguer des autres peuples celui choisi par Dieu pour témoigner de sa présence dans le monde : « Vous ne suivrez pas les usages des [autres] nations [...]. Je vous ai séparés de ces peuples. Vous, séparez donc l’animal pur de l’impur » (Lévitique, XX, 23-25).

Revenons à la vision de Pierre qui, profondément troublé, peine à comprendre. Lui, un Juif, imprégné de cette tradition et de ces règles, s’entend enjoindre de manger en toute liberté. Cet ordre inexplicable le tourmente. Arrivent sur ces entrefaites trois hommes envoyés par Corneille, centurion romain en garnison à Césarée : ils disent à Pierre que leur commandant, conquis par la nouvelle foi, souhaiterait le rencontrer. Ce n’est qu’alors que le sens du message divin s’éclaire : le christianisme ne concerne pas seulement les Juifs, mais tous les hommes. Corneille est le premier non-Juif à devenir chrétien, et le récit recourt à la métaphore alimentaire pour signifier le dépassement de cette barrière. Toute différence entre les aliments, tout comme entre les hommes, se trouve abolie. La vision de Pierre est à cet égard subversive, y compris par rapport à la prédication de Jésus, qui avait toujours respecté les règles alimentaires des Juifs. Ce n’est pas sans raison que les Actes des Apôtres rapportent directement ce message à Dieu.

Ainsi, le discours sur la nourriture s’est renversé : la perspective s’est déplacée de l’objet au sujet, de la nourriture à l’homme. La nouvelle religion laisse à l’individu la responsabilité de son choix. L’important, explique saint Paul, est d’agir dans le respect de Dieu : « Que celui qui mange de tout ne méprise point celui qui ne mange pas de tout, et que celui qui ne mange pas de tout ne condamne point celui qui mange de tout » (Romains, XIV, 3). Au même moment, la tolérance était également recommandée pour ne pas scandaliser les Juifs qui adhéraient à la nouvelle foi, tout en demeurant liés à leurs anciennes règles, à leurs anciennes habitudes alimentaires.

L’homme est ce qu’il mange

Du reste, le message apostolique était problématique pour tous. L’absence de valeurs « objectives » et de règles claires auxquelles se tenir est toujours délicate, s’agissant en particulier d’une matière aussi discutée que l’alimentation - la seule expérience humaine qui implique l’individu en profondeur, dans son intimité, à travers un geste d’incorporation qui nous mélange avec ce que nous intégrons. La société chrétienne, fondée sur un rite d’incorporation (l’eucharistie), qui fait participer l’homme au divin dès l’instant où il mange son dieu, ne peut se soustraire à cette loi : l’homme est ce qu’il mange. Le chroniqueur anglais Gautier Map, à la fin du XIIe siècle, raconte les stratégies de certains « hérétiques » quand ils ne parvenaient pas à convaincre leur public avec des mots : « Ils capturent leurs hôtes avec leurs mets et font devenir comme eux ceux qu’ils n’osent approcher par des discours secrets. » Le mécanisme est simple : les convives qui mangent les plats des hérétiques « deviennent comme eux » (De nugis curialium, I, 30).

Si l’homme est ce qu’il mange, la viande est une nourriture particulièrement périlleuse en tant qu’essence et symbole du corps, et de sa corruptibilité : elle s’obtient par la mort d’un être vivant et alimente la nature « mortelle » de celui qui la consomme. Rien d’étonnant, par conséquent, à ce que toutes les cultures aient précisément placé la viande au centre des discours sur la nourriture.

Depuis le IVe siècle, l’Église impose à ses fidèles des règles alimentaires détaillées et précises, ce que le message apostolique semblait exclure. Elles sont toutes relatives à la consommation de viande et de produits animaux. Tout au long de l’année, le calendrier liturgique est rythmé par l’alternance entre deux types de régimes, « gras » ou « maigre », selon que la viande est autorisée ou interdite. A cette époque, ces obligations deviennent un extraordinaire instrument de contrôle social, fondé sur le conformisme des conduites alimentaires : respecter les interdits du carême et des autres jours voués au « maigre » (au total, le tiers environ de ceux de l’année) est un moyen de se reconnaître, et surtout de reconnaître les autres, les « différents ». Charlemagne, au IXe siècle, punissait de mort les Saxons qui n’acceptaient pas ces règles et, avec elles, le pouvoir de l’Église et de l’empereur.

En outre, ces règles alimentaires tendent à renforcer les pratiques et l’idée même de pénitence, la grande invention de la pensée chrétienne : dans cette perspective, s’abstenir de consommer de la viande est une forme de mortification qui permet de gagner des mérites. Toutefois, pour que ce mécanisme fonctionne, il est nécessaire que son statut soit radicalement transformé. Il ne s’agit plus, comme dans la tradition juive, de refuser quelque chose d’objectivement « impur », et donc immangeable, mais de renoncer à quelque chose qui est au plus haut point désirable et ce n’est que dans cette perspective que ce geste peut engendrer des mérites.

Cette idée trouve sa pleine expression dans la culture monastique, qui a dicté pendant des siècles la ligne dominante des valeurs chrétiennes. S’abstenir de viande, sous des formes diverses et selon différentes modalités, est le choix fondamental des nombreuses règles qui déterminent, au Moyen Age, la vie des communautés monastiques. Les motivations invoquées sont les plus diverses, la plupart du temps compatibles avec le choix chrétien de la responsabilité subjective, qui nie toute valeur objective à la nourriture consommée.

En premier lieu, s’abstenir de consommer de la viande est une pratique d’humilité, qui se manifeste de manière particulièrement marquante dans une société médiévale qui considère cet aliment comme le premier et le meilleur de tous et comme un véritable symbole de pouvoir.

Sur un plan plus strictement individuel, ce renoncement est considéré comme une excellente stratégie pour favoriser la chasteté, autre pratique vertueuse que les moines choisissent comme règle de vie : compte tenu de sa nature « chaude » et « humide » (selon la classification du médecin du IIe-IIIe siècle Galien de Pergame, largement reprise au Moyen Age), la viande est en effet considérée comme un aliment hautement aphrodisiaque. « Les viandes, écrit Isidore de Séville au VIe siècle, ne sont pas interdites en tant que mauvaises, mais parce que leur consommation engendre la luxure de la chair » (De ecclesiasticis officiis, I, 45). Cette considération est évidemment confortée par le fait qu’en latin le même mot carnis désigne à la fois « l’aliment » et « le corps » - une coïncidence profondément suggestive sur le plan symbolique.

D’un point de vue physiologique d’autres ont attribué au régime végétarien une valeur salutaire. Ne pas manger de viande aiderait à mieux se porter : cette idée - aujourd’hui encore en vogue - mêle des considérations salutistes (qui paraissent contredire l’idée médiévale du corps comme premier ennemi à combattre) et les aspirations à une « santé spirituelle », qui se rapproche beaucoup de l’idée de salut.

C’est à ce point que réaffleure la nostalgie déchirante de l’Éden végétarien. Si les premiers hommes - tant qu’ils avaient vécu dans la grâce de Dieu - s’étaient nourris de fruits et d’herbes, et si, comme le prophétise Isaïe (XI, 6-7), on était appelé à revenir à ce régime à la fin des temps2, pourquoi ne pas se conformer dès à présent, dans le monde de l’homme pécheur, à ce modèle de suprême perfection ? Pourquoi ne pas renoncer immédiatement à la violence, aux meurtres ?

L’animalisme en force ?

Mais tout cela n’apparaît qu’entre les lignes car l’idéologie chrétienne officielle ne prévoit pas, voire condamne, le respect d’une vie qui ne soit pas celle de l’homme. En dépit de tout, les tensions animalistes, jamais explicitées ni déclarées, apparaissent clairement : affranchies de toute construction idéologique (à la différence d’autres religions, ou d’autres philosophies), elles se présentent comme de simples instances anthropologiques. Face à cela, certaines mouvances de la culture chrétienne espèrent condamner la consommation de la viande en soi, comme un mal objectif. Cette perspective doit moins à la tradition juive de la distinction pur/impur qu’à un filon important de la philosophie gréco-hellénistique, protestant contre les pratiques sacrificielles et réclamant une compassion pour la vie animale. Ce courant, porté notamment par Pythagore, l’école orphique ou Plutarque, a de réelles affinités avec l’animalisme moderne.

L’idéal d’un régime respectueux de la vie animale transparaît ainsi dans un poème de Prudence (Hymnus ante cibum, 58-65), qui définit comme innocuus, c’est-à-dire comme innocent, le régime végétarien des chrétiens, opposé au régime « violent » de ceux qui sacrifient des animaux pour mieux garnir leur table.

D’autres textes nous font percevoir l’homme et ses sentiments dans une dimension existentielle. Les Vies des Pères racontent que l’évêque de Chypre, ayant convié à déjeuner l’abbé Hilarion, lui fit servir un plat de volaille. Son hôte refusa d’y toucher, déclarant avec orgueil que, depuis qu’il avait pris l’habit monastique, il n’avait plus touché de nourriture « provenant d’êtres tués ». S’ensuit une longue discussion à la fin de laquelle tous deux convinrent que bonté et charité sont plus importantes que l’abstinence (Vitae Patrum, I, IV, 15). Ainsi, le paradigme chrétien était sauf. Mais les paroles d’Hilarion, qui professait son respect pour toute sorte de vie, nous font comprendre, ou plutôt percevoir, qu’accepter avec tranquillité le meurtre d’animaux était un impératif idéologique dont bien des chrétiens peinaient à s’accommoder.

C’est au milieu de ces difficultés et de ces ambiguïtés que la culture chrétienne a toujours louvoyé au cours des siècles prise entre d’une part l’aspiration de certains à un régime non violent, et d’autre part l’impossibilité de la justifier sur le plan théologique.

Les raisonnements animalistes ont conquis depuis une place croissante dans la culture européenne, qui reprend et réélabore des notions déjà présentes dans la tradition antique. La pensée laïque, plus encline à accepter l’idée d’une fraternité entre les hommes et les autres animaux, s’enrichit progressivement d’attentions nouvelles, stimulées par la matrice écologiste. En milieu chrétien, ces instances peinent à s’affirmer. Le Catéchisme de 1992 reprend l’affirmation codifiée par Thomas d’Aquin au XIIIe siècle : « Les animaux, comme les plantes et les êtres inanimés, sont naturellement destinés au bien commun de l’humanité [...]. Dieu a remis les animaux à celui qu’il a créé à son image. » Ce n’est qu’il y a peu que le respect de ces vies a pu être considéré comme une valeur en soi : la constitution de l’Association des catholiques végétariens est exemplaire à cet égard. Dans ce cas comme dans d’autres la culture chrétienne a fait preuve d’une extraordinaire capacité à s’adapter à l’esprit du temps.

L’AUTEUR Massimo Montanari est professeur d’histoire médiévale et d’histoire de l’alimentation à l’université de Bologne. Il vient de publier La Chère et l’Esprit. Histoire de la culture alimentaire chrétienne (Alma, 2017).

1. www.cattolicivegetariani.it

2. « Et le loup habitera avec l’agneau, la panthère reposera avec le chevreau [...]. Et le lion, comme le boeuf, mangera de la paille » (Isaïe, XI, 6-7).

DÉCRYPTAGE
Dans son dernier ouvrage, l’historien de l’alimentation Massimo Montanari montre comment le christianisme a construit une liberté en matière d’alimentation. Surtout, il dévoile que, de l’Antiquité au XXIe siècle, cette libéralité ne fait guère l’unanimité : en étudiant les textes des grands auteurs chrétiens, les écrits saints et les documents normatifs comme les règles monastiques, il met au jour toute la subtilité de la position chrétienne, qui place l’individu en première ligne. Pour ce travail, il s’est vu décerné le prix Anthony-Rowley des Rendez-vous de l’histoire de Blois remis le 6 octobre 2017.

À SAVOIR
Le sens de l’eucharistie

Cette enluminure de 1360 représente un prêtre donnant la communion à deux hommes agenouillés devant l’autel. L’eucharistie (du grec eucharistein, « rendre grâce ») se fonde sur le récit évangélique de la Cène : « Jésus ayant pris du pain et ayant béni, le rompit et le donna aux disciples et dit : Prenez, mangez, ceci est mon corps. Et ayant pris une coupe et ayant rendu grâces, il la leur donna, en disant : Buvez-en tous. Car ceci est mon sang. » Si certains rituels s’organisent lors des premiers siècles, ce n’est qu’en 1215 que le quatrième concile du Latran utilise pour la première fois le terme de transsubstantiation (conversion du corps et du sang du Christ en pain et en vin) pour désigner l’eucharistie et impose la communion au moins une fois par an (à Pâques), ce que réaffirmera ensuite le concile de Trente (1542-1563). Au même concile du Latran, le vin (jusqu’à ce moment bu par tous les fidèles) fut seulement réservé aux prêtres.

POUR EN SAVOIR PLUS
K. Albala, T. Eden (dir.), Food and Faith in Christian Culture, New York, Columbia University Press, 2011.

M. Bruegel, B. Laurioux (dir.), Histoire et identités alimentaires en Europe, Hachette, 2002.

B. Laurioux, M.-P. Horard-Herbin, Pour une histoire de la viande, Presses universitaires de Rennes-Presses universitaires François-Rabelais de Tours, 2017.

M. Montanari, La Chère et l’Esprit. Histoire de la culture alimentaire chrétienne, Alma, 2017.

M. Patou-Mathis, Mangeurs de viande, de la préhistoire à nos jours, Perrin, 2009.