Réponses dans l’ancien testament avec le Père diocésain Robert Culat, essayiste, spécialiste de la bible et des questions écologistes.
https://www.franceculture.fr/emissions/affaire-en-cours/affaire-en-cours-du-mardi-04-janvier-2022
Verset 29 du premier chapitre de la Genèse on lit « Je vous donne toute plante qui porte sa semence sur toute la surface de la Terre et tout arbre dont le fruit porte sa semence, tel sera votre nourriture. »
Un manifeste végétarien ?
Selon Robert Culat, ce serait un anachronisme de parler du verset 29 du premier chapitre de la Genèse comme un manifeste végétarien. C’est un texte de l’Ancien Testament, ce verset ne doit pas être lu seul mais dans un contexte biblique. Le régime végétalien de Genèse I, 29 n’est pas une histoire de nourriture ; il s’y cache une symbolique importante.
« Quand on met ce premier chapitre de la Genèse en lien avec Isaïe chapitre XI et d’autres textes bibliques, on comprend bien que ce régime végétalien signifie une humanité qui vit en paix, dans la communion, l’harmonie et non pas dans la violence. Il est intéressant de voir que ce n’est qu’au chapitre IX de la Genèse que Dieu concède aux hommes de tuer les animaux pour se nourrir de leur chair avec la limite « Tu ne mangeras pas le sang. » C’est que qui donne le casher dans la religion juive. On voit bien que la consommation de viande dans l’esprit de la Torah, de l’Ancien Testament est vue comme une conséquence de la faute originelle du péché de l’homme, le mal originel. »
Isaïe propose une prophétie orientée vers l’avenir, que l’on qualifie d’eschatologique dans le langage biblique et judéo-chrétien. Isaïe entrevoit l’humanité future qui ressemblera à la première humanité du jardin d’Éden, celle dans le jardin de la Genèse 1 et 2. Isaïe décrit une humanité en communion, une paix harmonieuse entre les animaux sauvages et domestiques et entre les hommes et les animaux.
« Les fauves ne vont plus tuer les animaux domestiques ou les attaquer, tout comme l’homme face aux animaux. On nous dit que le nourrisson mettra la main sur le nid du serpent et qu’il n’y aura plus de mal ni de violence. »
Robert Culat : « Le pape François ne prend pas position sur le végétarisme et je le regrette. Toutefois, il a écrit en 2015 une encyclique et on peut dire que c’est de l’écologie chrétienne, ce que le pape François appelle « l’écologie intégrale ». Dans cette encyclique, j’ai essayé de comprendre ce qu’il disait sur les animaux, sur la relation entre les hommes et les animaux. Donc, il y a quand même un pas de franchi. »
Ainsi l’Eglise ne parle pas de végétarisme mais évoque ces questions-là de manière plus globale de notre relation avec les animaux. L’un des points importants de sa réflexion, selon Robert Culat, est de soutenir que les animaux ont une valeur pour eux-mêmes et en eux-mêmes, indépendamment de l’usage que nous pouvons en faire.
Pour Robert Culat c’est très positif car nous commençons à sortir de cette vision anthropocentrique. La Bible est un texte utile pour avancer sur le bien être animal, et en particulier les textes de l’Ancien Testament.
« Dans l’Ancien Testament, il y a des choses assez surprenantes et qui ont tendance à réduire cet orgueil humain, anthropocentrique. Bien sûr, l’Ancien Testament dit que l’homme est le roi de la création, le sommet de la création, mais ça n’implique pas qu’il soit un tyran ou un dictateur. Dans Qohelet, petit livre de l’Ancien Testament, il est question de rabaisser l’orgueil de l’homme en disant que l’homme n’a aucune supériorité sur la bête. Je pense que c’est une vision beaucoup plus équilibrée, harmonieuse du point de vue de la relation aux animaux que celle qui va être développée à partir de Descartes, Malebranche car eux aussi portent une certaine responsabilité dans notre mépris de l’animal et de sa sensibilité. »
Actualité : L’ouvrage Méditation biblique sur les animaux et Le paradis végétarien, méditation patristique de Robert Culat sont toujours disponibles aux éditions L’Harmattan.