Radio VM & Revue Arc-en-ciel avec Richard Chartier

, par Pierre

Pour écouter ou télécharger l’émission de radio, c’est ICI
QUESTIONS D’AUJOURD’HUI Mario Bard & Richard Chartier 28mn

©Justine Emard "in-praesentia"

Publié dans la revue Arc-en-ciel n°21
Arc-en-Ciel est le nom d’une fraternité franciscaine séculière de Lons le Saunier dans le département du Jura (proche de la frontière Suisse) regroupant une dizaine de personnes (pour la région Bourgogne-Franche Comté il y en a plusieurs dizaines) qui a étudié dans les mois qui ont suivi sa publication, l’Encyclique Laudato Si’. Afin de donner suite à sa réflexion , la Fraternité a décidé de faire paraître un bulletin trimestriel qui porte son nom et qui est le fruit du travail de réflexion des intervenants. Il se veut ouvert, comme l’était François , le "giullare de Dio", sur les différents aspects de la Vie. François d’Assise garde ainsi toute son actualité.

La question animale

Richard Chartier est Canadien de la Province du Québec ; il a une maîtrise en histoire des sciences (épistémologie) qu’il a élaborée dans les années 80, lors de "l’alerte écologique" des pluies acides, pendant laquelle les scientifiques ont joué un rôle au côté des citoyens, se regroupant pour pousser les pouvoirs à intervenir contre l’origine de ce phénomène. Depuis ce moment, il a travaillé sur l’histoire des liens entre l’homme et l’animal (zoohistoire). Il est directeur de "Missions des Franciscains" auxquelles nous expédions régulièrement notre bulletin Arc-en-Ciel. Il vient de nous faire part d’une interview réalisée sur Radio VM et que vous pouvez retrouver. [1] Il nous autorise à publier dans notre bulletin l’essentiel de cette émission sur la question animale.

Depuis toujours, les hommes ont "côtoyé" les animaux, qui ont vécu en partenaires de l’homme : préhistoire, antiquité, domestication, élevage -voir l’Ancien Testament-, histoire récente -animaux de compagnie, mais aussi élevage intensif... On pourrait s’attendre à trouver, dans l’Encyclique Laudato Si’, quelques réflexions concernant la condition animale. On est un peu déçu : pas une seule fois le mot "animal" ne s’y trouve ; on parle de création, créatures, nature.

La place réservée à François d’Assise et son attitude face à ses frères animaux dans la création montre pourtant l’intérêt que Pape François porte à ce sujet.

Nos derniers siècles se sont tournés vers le "droit des plus faibles" : le XIXe siècle s’est inquiété des plus vulnérables : enfants, animaux, souvent maltraités et regardés de manière identique. Il faudra attendre la 2e moitié du XXe siècle pour que le droit des enfants soit reconnu...

Comme nous l’avons vu, dans les années 80, Richard Chartier s’est penché sur l’histoire des sciences et en particulier les relations entre l’homme et l’animal : exemple l’histoire du chien, héritier du loup et domestiqué. On ne peut vivre sans les animaux : "tout est lié".
Il fallait se préoccuper des animaux parce que vulnérables. L’animal était à protéger comme créature de Dieu, il n’est pas là pour souffrir. La science devait donc se poser la question : est-ce que l’animal souffre ou non ? On sait maintenant que les animaux souffrent (stress…). Qu’en est-il de leur intelligence ?

La question juridique s’est ainsi posée : le droit des animaux permet aujourd’hui de poursuivre les personnes ne respectant pas les animaux ; il y a une responsabilité de l’homme envers les animaux.

On en arrive ainsi à une société de plus en plus végétarienne. Viendra un moment où il n’y aura plus de choix. Il faut diminuer les consommations de viande, l’élevage intensif est une erreur sur le plan écologique, mais c’est aussi une question éthique. L’animal est sensible, mais qu’en est-il de son intelligence ? Jusqu’à quel point peut-on donner des droits aux animaux ? Une Charte en ce sens est actuellement en discussion. [2]

Cela ne signifie en aucun cas qu’on doive oublier les problèmes des humains pauvres. Il faut rester préoccupé par la Vie, respecter la Vie quelle qu’elle soit. Les jeunes ont de plus en plus cette sensibilité.

©Justine Emard "in-praesentia"

Richard Chartier précise qu’il diminue volontairement sa consommation de viande, mais n’est pas actuellement totalement végétarien. Cette dernière préoccupation s’est d’abord développée parmi les protestants, en même temps que le devoir de protéger les plus faibles (enfants, vieillards, animaux...). Richard espère aussi en la zoothérapie et donne l’exemple de l’introduction d’un cheval dans un hôpital, le sourire des malades et le bien-être qui en ont suivi. Les animaux sont compagnons des hommes pour le bien-être de tous.

Bernadette Janin, 1er juin 2022

Note : Les images illustrant cet article, ne sont pas celles parues dans l’article d’Arc en Ciel. Pour accéder à la collection ici : https://www.dropbox.com/sh/drsgeoj4y2sjlak/AACvrrT_eGdiCnSr01WX3V9Ca?dl=0

Notes

[1Écouter les différentes diffusions de RVM | Radio VM vous cliquez sur Émissions archivées, vous choisissez l’émission Questions d’aujourd’hui, vous cliquez sur l’émission du 21 mars 2022, c’est la première de la liste.

[2Note de la rédaction. En France, depuis la loi du 16 février 2015, l’animal est enfin considéré dans le Code civil comme un "être vivant doué de sensibilité," et non plus comme "un bien meuble".
Au-delà des comportements alimentaires, un mouvement politique défendant l’antispécisme a été créé en 2016 pour lequel l’espèce humaine n’est pas supérieure à une autre et n’a pas le droit de vie et de mort et d’exploitation sur une autre. Cependant, on a toujours pris soin d’exclure le problème de l’élevage intensif, de la chasse, des lois votées ces dernières années. Un long chemin reste à faire ...